Le Premier ministre libanais Saad Hariri a fini par reconnaître avoir commis une erreur en accusant Damas d'être derrière l'assassinat de son père, l'ancien Premier ministre assassiné un certain 14 février. Saad Hariri avait ouvertement accusé la Syrie d'être l'instigatrice de l'assassinat de son père au lendemain du crime. M. Hariri a affirmé avoir commis une «erreur» en accusant la Syrie d'être derrière l'assassinat de son père Rafic Hariri, dans une interview publiée hier dans le quotidien arabe A-Sharq Al-Awsat. «A un moment donné, nous avons commis des erreurs. Nous avons accusé la Syrie d'avoir assassiné le Premier ministre martyr. Il s'agissait d'une accusation politique, et cette accusation politique n'est plus à l'ordre du jour», a déclaré M. Hariri. Un réel revirement de situation. «Il y a une cour qui fait son travail, et de notre côté nous devons réexaminer ce qui s'est passé», a-t-il dit, allusion faite au Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé de l'enquête sur cet assassinat et créé en 2007 par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a évoqué, par ailleurs, le cas des «faux témoignages» qui, a-t-il dit, ont fait dévier l'enquête et porté atteinte à la Syrie et au Liban et aux relations bilatérales. Le Premier Mministre libanais a mis en exergue, à ce propos, l'importance des relations entre le Liban et la Syrie, en évoquant la nécessité de se focaliser sur les intérêts des deux peuples et sur les voies et moyens de renforcer leur coopération. Rafic Hariri, ancien Premier ministre devenu opposant à l'hégémonie de Damas au Liban, a été tué avec 22 autres personnes dans un attentat à la camionnette piégée à Beyrouth le 14 février 2005. A cette époque, Saad Hariri et ses alliés avaient accusé ouvertement le régime en Syrie, qui exerçait alors une sorte de tutelle sur son petit voisin, d'être à l'origine de ce meurtre. Ce que Damas a toujours nié. Deux mois après ce drame qui a plongé le Liban dans une crise politique aiguë et sous la pression de l'opposition libanaise et de la communauté internationale, la Syrie a été contrainte de retirer ses troupes du Liban après trois décennies de présence. Propulsé dans l'arène politique après l'assassinat de son père, Saad Hariri n'avait jamais eu de contacts officiels avec le régime syrien jusqu'à la formation de son gouvernement fin 2009. Depuis, il a effectué cinq visites en Syrie et le président syrien Bachar El-Assad est venu une fois au Liban. G. H.