Le Premier ministre libanais Saad Hariri s'est rendu samedi à Damas, pour une délicate visite de deux jours en Syrie, la première depuis l'assassinat de son père, l'ancien chef du gouvernement Rafic Hariri en 2005. Le jeune Hariri et son camp ont accusé Damas d'avoir commandité le sanglant attentat qui coûta la vie à Rafic Hariri le 14 février 2005 à Beyrouth, ce que la Syrie a démenti. Un tribunal soutenu par l'ONU a été mis sur pied pour juger cette affaire, mais n'a inculpé aucun suspect à ce jour. Le jeune Premier ministre de 39 ans a été accueilli chaleureusement par le raïs syrien Bachar el-Assad à son arrivée au palais présidentiel. D'après des médias libanais, le chef du gouvernement devait assister à un dîner de gala donné par le président syrien. Bouthaina Chaaban, conseillère du président Assad, a déclaré que les discussions entre les deux hommes avaient été "franches" et avaient permis de "surmonter les difficultés" qui ont marqué "les relations au cours des cinq dernières années". D'après elle, Bachar el-Assad et Saad Hariri ont tous deux affiché la "volonté" de "construire une relation positive et constructive". Dans un communiqué, le Premier ministre libanais a de son côté souligné que son gouvernement avait hâte d'établir des "relations véritables et stratégiques avec la Syrie". Saad Hariri, chef de la majorité parlementaire, a constitué le mois dernier, après de longs mois de crise et de tractations, un gouvernement d'union nationale au Liban. Il a fait part de sa volonté d'avoir des relations basées sur "la clarté et l'honnêteté" avec Damas, ancienne puissance tutélaire au Pays du Cèdre, d'où son armée a été forcée de partir dans la foulée de l'assassinat de Rafic Hariri, après 30 ans de présence. Cette visite de Saad Hariri en Syrie est "très difficile à un niveau personnel" et représente un "grand sacrifice", a confié l'un de ses fidèles, l'ancien député libanais Moustapha Allouche. "Mais en tant que Premier ministre du Liban, c'est assez normal d'effectuer une telle visite", a-t-il expliqué à l'Associated Press. "Elle est nécessaire et il y a besoin de régler tous les aspects de cette relation". La venue du chef de la majorité antisyrienne ne veut cependant pas dire pour autant que Damas n'est plus soupçonné d'être derrière l'assassinat de son père, a noté Moustapha Allouche. "Mais cette question est désormais l'affaire du tribunal international, ce n'est plus une question personnelle". La Syrie s'est récemment attelée à améliorer ses relations avec l'Occident, notamment via des gestes en direction du Liban. La Syrie a officiellement établi des relations diplomatiques avec le Liban et ouvert une ambassade au Pays du Cèdre à la fin de l'année dernière pour la première fois depuis l'indépendance des deux pays. L'ancienne puissance tutélaire conserve une influence à travers son soutien au parti chiite du Hezbollah, qui participe au gouvernement d'union avec Saad Hariri.