Cette année encore la rentrée scolaire se fera sous le signe de la flambée des prix des fournitures scolaires, plus précisément les cahiers, une flambée liée non pas à l'augmentation de la demande durant la rentrée scolaire mais à la hausse du prix du papier sur le marché mondial. Cette situation dure déjà depuis près de six mois et n'est pas près de s'arranger, selon les propos recueillis auprès des vendeurs d'articles scolaires. L'impact négatif de cette situation est de toute évidence le prix à la vente du produit fini que devront endosser les consommateurs, lesquels ne pourront faire l'impasse sur l'achat des cahiers même si leurs budgets ont été fortement grevés par les dépenses du mois de Ramadhan et de la fête de l'Aïd. Comme à chaque rentrée scolaire, les familles ne savent plus où donner de la tête. Les prix ont presque augmenté de 100%, affirment certains commerçants. Rentrée scolaire sur fond de flambée des prix Les exemples avancés par un papetier dont le magasin se trouve à la rue commerçante Hassiba- Ben-Bouali sont plus qu'édifiants. A la rentrée scolaire de l'année dernière (2009-2010), le prix d'un cahier de 96 pages était de 16 dinars. Cette année, le même cahier est cédé à 26 DA chez le grossiste et 28 DA chez le détaillant. Le cahier de 288 pages revient cette année à 100 DA. Autre exemple pour étayer son propos, le vendeur nous indiquera que la rame, de papier extrablanc de 500 feuilles qui était de 270 DA, a grimpé pour atteindre le prix de 340 DA. Et encore, explique-t-il, ce papier est importé du Brésil qui assure la grosse part de la demande nationale et il est moins cher que celui importé de Thaïlande dont la rame est vendue à 450 DA. Autre article qui connaît une flambée cette année, le sac à dos à roulettes. Les prix affichés à 1 000 DA l'année dernière ont pris leur envol pour atteindre les 1 500 à 1 700 DA. Et il y a une forte demande sur ce produit. Car, au vu du poids des cartables des enfants, surtout ceux du primaire, les parents ont cru trouver la solution en achetant à leurs enfants ce type de sac à dos pour leur éviter de transporter le lourd poids des cahiers et livres. Pour les cartables classiques, pas très demandés, les prix ont augmenté de 20 à 40 DA seulement. C'est le consommateur qui paye tous les frais, nous rappelle le libraire qui dit que cette année la rentrée s'avère «catastrophique» à cause de ces prix. Lui qui s'approvisionne chez un importateur dira que les conteneurs mettent parfois deux mois pour sortir de l'enceinte portuaire et ces retards entraînent des frais supplémentaires. Selon lui, la bureaucratie et les lenteurs mises pour dédouaner la marchandise contribuent indirectement à la flambée des prix de ces articles. Du coup, les parents doivent débourser plus pour l'achat de toutes les fournitures scolaires à leurs enfants. Dans un ancien point de vente à Alger de l'ex-GIPEC, les vendeurs, qui s'affairaient à préparer 100 trousseaux scolaires commandés par un donateur au profit des enfants démunis, nous confirment aussi que les raisons de la flambée des prix sont l'augmentation du cours mondial du papier. «Ce n'est pas la rentrée scolaire qui a fait grimper les prix comme chaque année», indique l'un d'entre eux. Ce dernier nous explique que pour assurer la rentrée scolaire d'un enfant de primaire, il faut environ 1 300 à 1 400 DA à débourser. Par contre, le prix est plus cher pour un élève de collège : 2 500 DA. Pour le lycée, les prix sont encore plus élevés et suivent les filières. Bien sûr, les prix avancés ne comprennent pas les cartables et/ou sac à dos mais simplement les cahiers, trousses, etc. Ajoutez à tout cela les tabliers, obligatoires, et les livres scolaires. 67 500 tonnes de papier impression écriture produites Il faut dire, selon les spécialistes, que cet état de fait est dû aux prix de la pâte à papier qui sont montés en flèche sur le cours mondial fixé à 1 000 dollars la tonne. Cette hausse est engendrée par la forte demande chinoise mais aussi par la crise économique qui a contraint les grands producteurs d'Amérique du Nord et de la Finlande à fermer plusieurs usines. Une situation aggravée par le tremblement de terre du Chili, qui assure 7% de la production mondiale, et qui a entraîné la fermeture de plusieurs installations. En Algérie, et toujours selon les spécialistes en la matière, le marché local est totalement dépendant des importations. Mais en attendant, beaucoup d'importateurs ont préféré limiter leurs importations en attendant une éventuelle baisse des prix. Une industrie de papier existe pourtant dans notre pays datant de l'ère coloniale - vu le vaste potentiel en matières premières de l'Algérie- mais les investissements n'ayant pas suivi, les chaînes de production nationales ont connu une régression dans la production, au fil du temps, à cause de la fermeture ou de l'échec de la privatisation des unités étatiques. Actuellement, la capacité de production est de 109 000 tonnes pour la pâte à papier. Elle est de 67 500 tonnes pour le papier impression écriture et de 21 500 tonnes pour le carton compact. La production de papier d'emballage est estimée à 66 500 tonnes. La majeure partie de la production nationale est l'œuvre du secteur public. Et sur les besoins du marché algérien en papier et carton, les estimations indiquent un chiffre de 500 000 tonnes, satisfaites en grande partie par l'importation.D'où l'urgence de reprendre la situation en main et de booster cette activité de transformation de papier pour permettre aux imprimeries et autres papeteries de maintenir leur activité et de leurs éviter de mettre la clé sous le paillasson et de mettre au chômage des centaines de travailleurs. De plus, des mesures concrètes seront à même d'encourager la production nationale et baisser la facture d'importation du papier, mais aussi des fournitures scolaires et faire ainsi barrage à la concurrence déloyale qui est, en plus des qualité moindre. B. A.