Les hasards du calendrier sont parfois cruels : en plus du mois de ramadhan, les ménages doivent faire face à la rentrée scolaire. Pour nombre de familles algériennes, la rentrée sociale 2008/2009 sera caractérisée par une lamentable complainte de portefeuilles vides. Les fournitures scolaires affichent cette année une légère inflation liée notamment à la flambée des matières premières sur le marché international. Dans certaines librairies, la hausse des prix des cahiers a atteint les 15%. Il faut dire qu'en peu de temps, les coûts du papier sur le marché mondial sont passés de 950 dollars/tonne à 1300 dollars. « Les prix des cahiers ont considérablement augmenté, mais nous avons fait en sorte de garder les mêmes tarifs. Nous avons une marge de 20% », explique le gérant de la librairie-papeterie El Foudhaili à Alger-centre. Les prix des cahiers varient d'une marque à une autre. Le cahier de la marque Alif (196 pages) est de 5 DA plus élevé que ses concurrents locaux. D'autres produits sont passés du simple au double. Les protège-cahiers qui coûtaient 2 DA les années passées sont cédés aujourd'hui à 10 DA (ou 7 DA dans les marchés improvisés). Là aussi, on invoque l'argument de l'augmentation des prix du plastique sur le marché mondial. Mais en cette période de jeûne, il n'y a pas de grands rushs sur les librairies. Le mois sacré semble avoir fait passer la rentrée scolaire au second plan. « Nous avons eu beaucoup de dépenses, il est préférable d'attendre le prochain virement de salaire pour commencer les dépenses de la rentrée des enfants », nous dit un père de famille. Cartables, blouses, vêtements… la liste de ce qui va grever le budget des familles est très longue. « Certaines écoles exigent des marques. C'est là une forme de publicité », regrette le patron de la librairie El Foudhaili. Un père de famille, ayant deux enfants au collège, a prévu un budget de 3500 DA. 1+1= 5000 DA Avant de boucler les deux listes des articles scolaires, la facture est rapidement montée à 3976 DA. Pour une famille ayant trois enfants scolarisés avec le SMIG, le budget des articles scolaires représenterait 87,5% de leur salaire. Si l'on y ajoute les vêtements et les blouses, la rentrée scolaire suffit à grever le budget des familles. Les petites et moyennes bourses préfèrent acheter leurs produits dans les marchés informels. Dans le marché de Belcourt (Belouizdad), des marchands exploitent tous les filons qui rapportent du profit. Ils vendent à la fois des fournitures scolaires ainsi que de la vaisselle pour le ramadhan. Les parents restent vigilants sur les prix. « On achète les produits moins chers. Il n'y a que pour les cartables et les trousses qu'on se permet des fantaisies », nous dit une parente d'élève. Face au stress des parents, les enfants affichent de larges sourires. « Les enfants d'aujourd'hui sont devenus très exigeants. Le temps où il suffisait d'acheter quelques stylos et des cahiers paraît révolu », se plaint un père de famille. Dans les yeux des enfants, on voit valser le tourbillon des tentations. « C'est difficile d'expliquer aux enfants pourquoi on ne leur achète pas les boîtes de couleurs à 300 DA qui les fait tant rêver. » Devant une boîte de peinture assez sophistiquée, une jeune maman oppose à sa fille de 7 ans un « niet » catégorique. « Si je devais la lui acheter, à ce prix-là, je préfère la lui garder pour son trousseau de mariage », plaisante-t-elle. Le budget moyen varie selon le niveau scolaire des élèves. De 2500 DA pour les élèves du primaire, il peut atteindre les 5000 DA au lycée. « Ce n'est pas avec les 2000 DA accordés par l'Etat aux enfants démunis qu'on réglera le problème d'autant que cet argent arrive tardivement. » Pour les vêtements, c'est une autre affaire. Les petites et moyennes bourses cherchent à s'habiller malin et pour pas cher. « Pendant longtemps, la friperie a été une bouée de sauvetage. Mais aujourd'hui, même les vêtements usagés sont assez chers. Ce qui nous sauve c'est surtout les Chinois », estime Salah, père de 3 enfants et employé dans une entreprise privée. Et d'enchaîner : « Immédiatement après le ramadhan, ce sera l'aïd. Il faudra encore penser à acheter les vêtements neufs pour les enfants. » En clair, les ménages sont coincés entre l'enclume du couffin du ramadhan et le marteau du trousseau des fournitures scolaires. Prix des fournitures scolaires Cartable de : 180 Da (pour les élèves en préscolaire) à 960 DA et 1250 DA (cartables à roulettes) Trousse : entre 50 et 325 DA Cahier 384 pages : 120 DA Cahier pour les travaux pratiques : 20 DA/45 DA Cahier de 120 pages : 25 DA Cahier de 64 pages : 15 DA Cahier 192 p : 60 DA Cahier 288 p : 70 DA Ciseaux : 15 DA Règle : 15 Da Equerre : 30 DA Rapporteur : 20 Da Petit carnet de 15 à 55 Da Crayon noir 10 à 30 DA Boite de couleurs : de 15 DA à 270 DA Etiquettes autocollantes : 10 Da Protège-cahier : 10 DA Colle : 10 Da Scotch : 15 DA Compas de 75 à 150 DA Peinture : 80 DA Taille-crayon : de 5 à 30 DA Gomme : De 5 à 45 DA Papier millimétré : 10 DA Ardoise : de 10 à 75 DA. L'ardoise « magique » coûte entre 100 DA à 280 DA. Les bûchettes et les jetons : 40 DA. Classeurs : 150 DA Blouses de 170 DA à 450 DA