Un pasteur intégriste américain avait menacé de brûler le Coran à l'occasion de la célébration du 9ème anniversaire des attentats du 11 septembre.L'homme d'église, qui ne compte pas plus de 50 adeptes, a renoncé à son acte. Mais il a provoqué une polémique planétaire et suscité le courroux de millions de musulmans dans le monde. La colère et l'indignation exprimées par les populations musulmanes aux Etats-Unis et partout dans le monde sont légitimes. Elles traduisent un sentiment humain noble qui fait que tous les êtres doivent vivre leur foi en toute liberté. C'est également l'expression de la volonté d'être respecté dans sa conscience. Cela est normal, compréhensible et naturel. Seulement, ce sentiment est-il réciproque ? Ce n'est pas si sûr. Avant d'en arriver là, il faudrait tout de même préciser que le geste du pasteur Terry Jones est plus que condamnable. Plus qu'inutile, il est ridicule. Car on ne peut tout de même pas s'en prendre à un texte sacré - quel qu'il soit- pour commémorer un événement aussi douloureux que celui des attentats de World Trade Center. Pis, on ne peut pas disposer de tous ses attributs mentaux et brûler un livre – un crime quand même- pour montrer sa différence de religion ou d'idéologie. Seulement, à chaque événement de ce type, on assiste à un mouvement d'hystérie collective dans le monde musulman. Les réactions sont parfois tellement violentes et disproportionnées qu'elles frisent l'insensé. Cela ne veut pas dire qu'il faille se taire. Bien au contraire. Mais face à la bêtise, il vaut mieux être calme, intelligent et réfléchi. Cela rappelle étrangement d'autres événements touchant à la religion musulmane. En 2005, des millions de personnes avaient investi les rues de plusieurs pays musulmans pour dénoncer les dessins d'un caricaturiste danois. Beaucoup de manifestants pensaient que ces œuvres portaient atteinte à leur Prophète. Il se trouve, cependant, que beaucoup de ces musulmans n'ont même pas vu ces dessins. Pis, même l'un des promoteurs de ces manifestations – qui se sont déroulées six mois plus tard, ce qui est étrange- n'avaient pas vu ces caricatures. Mieux, des dessins du prophète Mohamed, dont l'interdiction ne figure dans aucun texte religieux, existent dans plusieurs pays musulmans. Leur élaboration remonte à plusieurs centaines d'années. Ces exemples montrent à quel point la rue musulmane est sensible à tout ce qui touche aux symboles de sa religion. Mais elle montre en même temps le visage d'une société réactionnaire, voire violente. C'est d'ailleurs cette image de peuples incendiant les drapeaux, fustigeant tout le monde, que certains médias occidentaux cherchent à exploiter pour donner une image extrêmement négative du monde musulman.L'idéal est que, dans ce genre de situations, les réactions soient le plus mesurées, nuancées et proportionnelles. On ne peut tout de même pas donner au pasteur américain plus d'importance qu'il n'en faut. L'homme s'est même payé une publicité gratuite dans le monde entier. Il a réussi, en un laps de temps aussi court, à faire parler de lui, alors que son église ne compte pas plus de 50 adeptes. A. B.