Photo : S. Zoheïr De notre bureau à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Tizi Ouzou est sale. Le retour dans cette wilaya des épidémies, des maladies traitées il y a de cela des décennies, voire des siècles, rappelle qu'il y a bien des autorités et des organismes chargés de la question de salubrité, laquelle inquiète de moins en moins d'individus. Des sites sauvages d'ordures dans les dédales de villages, des caniveaux mal entretenus, des réseaux d'assainissement inadaptés, des espaces verts couverts de déchets. Le sujet attire l'attention des politiques pour gagner l'électorat, et occupe une place privilégiée dans les programmes durant les récentes courses aux assemblées locales et nationales. Toutes les promesses faites s'estompent au lendemain des résultats électoraux. Au sein des assemblées communales, les problèmes liés aux effectifs et aux moyens matériels sont souvent cités dans les rapports et bilans adressés à la tutelle pour expliquer l'état lamentable dans lequel se trouvent l'environnement et la prise en charge des rejets ménagers et industriels. «Avec l'insignifiant parc matériel et les moyens humains en deçà des besoins que nous avons sous la main, comment voulez-vous que nous sortions notre commune de cette situation insupportable, aux plans de l'hygiène et du respect de l'environnement ? » constate un élu d'une commune déshéritée au sud de Tizi Ouzou. Le chef-lieu de wilaya est l'endroit le plus remarquable sur ce plan. La ville, quant à elle, peut être considérée comme l'une des plus sales du pays. Tous les coins de ce centre urbain renvoient l'image rebutante qu'offrent ses étroites et étouffantes ruelles où la saleté côtoie les mouvements quotidiens des résidants de plus en plus enclins à s'adapter et à adopter le décor repoussant. On a fréquemment entendu des élus réclamer en plénière plus d'effectifs en dotant leurs services d'un matériel roulant solide, car celui utilisé tombe souvent en panne. En réaction à ces conditions de travail peu enviables, les syndicats ont systématiquement recours aux mouvements de grève cyclique, lesquels montrent combien est fragile le système de protection du consommateur face aux effets de ce genre de recours légitime et l'inconséquence et l'irresponsabilité des personnes en charge de la sécurité des «chers électeurs et électrices». Dans ces moments de débrayage que les habitants ont eu à subir à maintes reprises, la ville de Tizi Ouzou se transforme durant plusieurs jours en un amas de détritus de nature diverse où le danger d'épidémies est à craindre, auquel les autorités n'accordent point d'importance. Les rats prolifèrent dans le temps et dans l'espace, menaçant la santé des citoyens, ayant parfois conduit à la réapparition de maladies d'un autre âge, dont l'une d'elles a déjà fait des victimes l'an dernier. L'idée de faire appel à des entreprises, créées dans le cadre des dispositifs d'aide aux jeunes, n'a pas eu l'effet escompté. Cette initiative, lancée en 2007, par la direction de l'emploi et financée par l'Agence du développement social (ADS), du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, consiste en des travaux de nettoyage et d'embellissement des chefs-lieux des communes de la wilaya de Tizi Ouzou. Elle s'est heurtée au manque d'engouement de la part des chômeurs en raison des salaires minables plafonnés au niveau du SMIG, et de la précarité du contrat de travail limité, ainsi que d'une enveloppe d'une valeur de 1,5 à 2 millions de dinars pour chaque projet. La commune de Tizi Ouzou avait à elle seule bénéficié de 73 millions de dinars.70% de ce montant était destiné à la masse salariale. Les secteurs privilégiés sont les travaux publics, l'hydraulique, les forêts et les collectivités locales. «L'opération ne demande pas l'emploi de grands moyens matériels et humains. Elle consiste en de petits travaux de nettoyage des caniveaux, des accotements des routes, le curage des fosses, le ramassage des ordures et l'aménagement des espaces verts. Les projets affectés pour les collectivités locales toucheront aussi les écoles primaires», avait annoncé le responsable de ladite direction. L'opération «Blanche Algérie» prônée à la même époque n'a pas eu plus de succès. Soit on n'apprend pas, soit on ne veut pas apprendre… Aussi, l'incapacité chronique des autorités locales à trouver une parade aux oppositions des habitants aux projets d'implantation de décharges publiques (communales ou intercommunales) qui soulageraient la région de beaucoup de maux occasionnés par les sites sauvages d'ordures, démontre l'incohérence du choix des responsables avec les objectifs de développement contenus dans les discours à la Kabylie. Les habitants ne sont pas complètement exempts de ces complications sur l'environnement et la qualité de leur vie, certains faisant preuve carrément d'incivisme en méprisant des règles pourtant faciles à observer, comme sortir à l'heure et déposer à l'endroit indiqué les sachets d'ordures soigneusement fermés et surtout ne pas faire disparaître au retour les bacs à ordures !