La première sortie médiatique de Abdelhak Benchikha signe une nouvelle ère pour l'équipe nationale de football. Même si le ton est à la prudence, situation d'urgence oblige, le nouveau sélectionneur national ne s'est pas empêché d'annoncer quelques signaux de rupture graduelle. «Je suis quelqu'un qui n'a jamais peur des défis ; j'ai besoin de joueurs prêts à 100%. J'aime les joueurs qui font le feu et pas ceux qui font la fumée», a déclaré hier le successeur de Rabah Saâdane lors d'une conférence. Il n'est pas si difficile de deviner les destinataires d'un tel message. Héritant d'une situation complexe dans laquelle un manque de discipline a enfanté une série de contre-performances, le nouveau patron des Verts n'a pas manifestement une marge de manœuvre suffisante. D'où son refus de bousculer, dans l'immédiat, les traditions de l'ancienne gouvernance dont tout le monde mesure à présent les méfaits et les conséquences. Le néo-sélectionneur est manifestement devant une double adversité. Il y a, d'une part, un déclic à provoquer dans une équipe qui ne sait plus comment gagner une partie théoriquement à sa portée et, d'autre part, l'urgence de réhabiliter les valeurs qui font la force d'une sélection. Le onze algérien est appelé à vivre un mois d'octobre crucial ; il sera question de retrouver les repères perdus au moment où l'équipe avait tout à gagner. Le nouveau sélectionneur des Verts semble ainsi se fixer l'objectif de dépasser cette phase d'incertitude en renouant avec les performances techniques. Avant d'ouvrir, le temps venu et sans la moindre complaisance, le chantier de la discipline du groupe. C'est à ce niveau justement que sera observé l'effet du changement du sélectionneur national. Arrivant à la tête d'une sélection qui s'est formée dans un style visiblement contraire au sien, Benchikha n'ignore pas ce que risque de générer une brusque remise en cause. La maison des Verts est si fragilisée qu'elle interdit toute vibration interne. Cela ne muselle pas pour autant les intentions de changement du nouveau driver du onze national, qui estime avoir «besoin du temps pour pallier les insuffisances». Le moment n'est pas opportun au changement, bien que ce dernier soit réellement inévitable. Le changement n'aura cependant de véritable sens que s'il est enclenché au moment qu'il faut. La tonalité du nouveau sélectionneur national annonce visiblement une autre manière de gérer un groupe et des objectifs. Les faiseurs de fumées risquent ainsi de vivre leurs ultimes instants. A. Y.