Photo : Riad Par Amirouche Yazid La première journée des éliminatoires de la CAN 2010 a fait déjà une victime. Rabah Saâdane n'est plus le sélectionneur national des Verts. Il a remis sa démission hier au président de la Fédération, qui l'a entérinée. C'est une nouvelle ère qui s'ouvre donc pour le onze algérien qui a étalé toute son incapacité à aller de l'avant aussi bien lors de sa dernière participation au Mondial sud-africain que durant ses récentes sorties. Le onze algérien a consommé les ultimes unités du capital de sympathie qu'il avait gagné en 2009, les choses ne devraient pas rester en l'état tant la situation devenait très inquiétante. Il n'a fallu donc qu'un partage des points contre une modeste Tanzanie pour que l'heure du changement sonne. Différé au lendemain de la Coupe du monde 2010, le changement s'est finalement produit en pleines éliminatoires à la CAN. Même si Saâdane a réussi à qualifier l'Algérie au Mondial, même s'il a mené les Verts aux demi-finales de la CAN angolaise, son bilan est loin d'être reluisant. Les performances alignées durant les éliminatoires de la CAN et du Mondial 2010 font partie désormais de l'histoire des Verts. La sélection nationale peine visiblement à prendre son destin en main alors qu'elle a largement les moyens d'avancer. Etrangement, cette si longue série de contre-performances n'a pas eu raison des visions infécondes du coach national. Le désormais ex-sélectionneur national mettait tous les ratages du Mondial sur le compte de l'apprentissage. Le nul concédé contre la Tanzanie est ainsi l'échec de trop. «C'est ça le football. Heureusement qu'on n'a pas perdu, car aujourd'hui on pouvait perdre», disait-il dans la soirée de vendredi au coup de sifflet final du match Algérie-Tanzanie. Et d'ajouter que «c'est difficile d'entamer. La compétition dans la peau d'un favori. Il faut encore se battre pour les cinq autres matches qui restent. Je suis sûr que les joueurs seront meilleurs, car ils auront plus de matches dans les jambes». Cette phase sera néanmoins vécue sans Rabah Saâdane, qui a fini par rendre le tablier. Installé au mois d'octobre 2007 en remplacement de Jean-Michel Cavalli, Rabah Saâdane a marqué manifestement son dernier passage à la tête des Fennecs par des moments de gloire et de déchéance. L'euphorie de la double qualification à la CAN et au Mondial 2010 a vite cédé la place au doute et aux appréhensions ayant marqué le parcours mi-figue, mi-raisin en Angola. S'en est suivie une participation ratée au Mondial sud-africain. L'opinion nationale s'attendait dès lors à un remerciement de Saâdane, qui n'a pas caché sa lassitude ainsi que sa colère devant les critiques qui fusaient de partout. Au-delà des avis des uns et des autres, il y a manifestement le verdict du terrain. Le terrain révèle en effet qu'il y a des sélections qui avancent et il y celles qui régressent. L'Algérie est malheureusement inscrite dans la deuxième catégorie. Excepté la victoire tonitruante de Cabinda contre les Ivoiriens au mois de janvier dernier, le onze algérien collectionne échecs et déconvenues. Sur ce plan, le bilan de Saâdane est plus que négatif. Ce n'est pas les quelques sorties honorables - souvent trahies par le résultat technique - qui changeront la couleur du sinistre tableau des Verts. Les Algériens n'ont pas par ailleurs mis beaucoup de temps pour s'en convaincre de la nécessité du changement. Les résultats des Fennecs ne changeront pas positivement sans un changement à la barre technique. Maintenant que la page Saâdane est tournée, le onze national est appelé à vivre, selon toute vraisemblance, une période de transition. Cette période sera assurée, indiquent des sources, par Abdelhak Benchikha, déjà à la tête de la sélection des locaux et de celle olympique. Une fois consommée la période transitoire, la FAF va procéder à la nomination d'un nouvel entraîneur national. Incontestablement, l'équipe algérienne a besoin d'un technicien de haut niveau, qui a envie de réussir de belles choses et qui aime son travail. Un technicien exigeant avec lui-même, pour être exigeant avec ses joueurs et la fédération qui l'engage. Le football est avant tout une question de tempérament, ceux qui n'ont pas la culture de la gagne dans leurs veines seront éternellement réduits au rôle de figurant. Il est venu le temps de donner un nouveau souffle à une sélection nationale qui a tous les moyens pour s'imposer dans le gotha africain et réaliser des résultats meilleurs dans les rendez-vous mondiaux. Ce n'est pas une vue de l'esprit que de dire que l'équipe d'Algérie dispose de tous les facteurs pour réussir. Côté effectif, il n'y a plus de raison de se plaindre : il y a l'embarras du choix pour composer une sélection homogène et conquérante. La fédération ainsi que les hautes autorités du pays ne lésinent pas sur les moyens pour offrir les meilleures conditions possibles à l'équipe. Le soutien populaire est toujours au rendez-vous. Il ne manquait donc qu'un véritable meneur en mesure de donner une nouvelle identité à la sélection nationale qui regorge de talents et d'énergies, mais qui demeure au stade stationnaire.