M. Bouchouareb, le président du conseil d'administration du groupe OLA, a mis fin à l'entrevue qu'il a accordée aux journalistes – que nous sommes - à peine quelques minutes après son début. La raison ? Le «commis de l'Etat», comme il se qualifiera lui-même, affirme ne pas pouvoir divulguer des «informations confidentielles d'Etat» (sic) !Pourtant, ce dernier n'aura même pas pris la peine d'entendre jusqu'à la fin la question posée, qui est loin d'être liée à un secret d'Etat. En fait, la première question adressée à ce responsable est de connaître les raisons qui ont poussé le groupe OLA à procéder à un changement dans la réorganisation décidée par la tutelle en transformant la société Eco Prom d'une entreprise absorbante de la SNB Trapal à une entreprise absorbée par cette dernière. M. Bouchouareb dira alors que le capital d'Eco Prom est inférieur à celui de la SNB Trapal, de même que son patrimoine. «Il n'est pas logique qu'une entreprise avec un grand patrimoine et un capital aussi important soit absorbée par une autre entreprise plus petite.» Pourtant, il est clair pour tout gestionnaire que ce n'est ni le patrimoine et encore moins le capital d'une entreprise qui déterminent sa solidité, mais bien son bilan. A la question de savoir si ce changement n'est pas considéré comme une transgression de l'organigramme établi par les experts, accepté par le Conseil de participations de l'Etat (CPE), adopté par le Conseil interministériel et qui a fait l'objet d'une instruction ferme du ministre de l'Habitat, M. Bouchouareb ne répondra pas car, furieux, déchaîné même, il n'attendra pas la fin de la question et se lèvera en entendant le mot «CPE» pour crier : «Je suis un commis de l'Etat et je ne peux pas divulguer des informations confidentielles d'Etat et vous n'êtes pas habilités à les publier. Je vous ai reçus pour parler uniquement du syndicat !» M. Bouchouareb a tenu, en date du 26 août dernier, une réunion extraordinaire avec les directeurs des deux entreprises en question, à savoir Eco Prom et SNB Trapal et les deux commissaires aux comptes, pour délibérer sur l'absorption de l'EPE SPA Eco Prom par l'EPE SPA SNB Trapal en transgressant toutes les instructions des pouvoirs publics, à commencer par celle du Premier ministre qui, dans son envoi en date du 7 janvier 2010, fait état des décisions et des instructions, arrêtées par le Conseil interministériel tenu le 6 janvier 2010 : «[…] Vous devez veiller à poursuivre de manière diligente la mise en œuvre du programme de réorganisation de ces entreprises, conformément au schéma de restructuration accepté par le Conseil de participations de l'Etat (CPE), lors de sa séance du 15 octobre 2009.» Il y a également transgression de l'instruction du ministre de l'Habitat, datée du 31 mars 2010, qu'il a adressée au président du directoire de la SGP Indjab pour attirer l'attention «sur l'exigence d'accélérer la mise en œuvre du processus de réorganisation des entreprises du portefeuille, qui a été approuvée par le Conseil des participations de l'Etat. Dans ce cadre, je vous charge également de veiller à ce qu'aucune modification ne soit apportée au schéma de réorganisation qui a été validé, et ce, pour quelque motif que ce soit. Toute résolution prise en violation de ce schéma sera purement et simplement annulée». Faut-il rappeler également que ce schéma adopté n'a pas connu de changement à un haut niveau puisque, le 1er juillet 2010, le Premier ministère a adressé une correspondance à la Banque nationale d'Algérie (lettre n°527 du Premier ministre) pour l'octroi d'un crédit à Eco Prom dans le cadre du financement de la modernisation et de la mise à niveau des entreprises du secteur du bâtiment et cette dernière a même reçu son plan de charges en portefeuille pour l'année 2010. En ce qui concerne la divulgation des informations relevant du secret d'Etat, il faut dire que l'excuse est burlesque. Le président de la République en personne rend publiques ses séances d'évaluation avec ses ministres. De même que le contenu du Conseil des ministres est rendu public. Pour quelle raison alors un organigramme du CPE, adopté en Conseil interministériel, devrait-il être un secret d'Etat ? Sauf si le secret doit être tenu pour des desseins qui nous sont inconnus. H. Y.