Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Près de deux ans après l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (ZALE), les opérateurs algériens semblent satisfaits des mesures prises par le gouvernement notamment l'établissement de la liste négative qui englobe actuellement pas moins de 1 840 produits interdits d'importation de cette zone. La démarche du gouvernement dans l'optique de protéger certains secteurs économiques mais également en appliquant le principe de réciprocité semble déranger certaines parties qui considèrent cette action comme un protectionnisme qui ne dit pas son nom. Il faut rappeler que juste après l'annonce de l'adhésion de notre pays à cette zone, plusieurs opérateurs économiques n'ont pas hésité un instant pour demander et même revendiquer des mesures accompagnatrices pour protéger certains secteurs tels que les boissons, l'agroalimentaire, le textile ou les produits agricoles qui connaissent actuellement un développement important. Selon certains confrères, notre pays considère que «certains pays arabes ne montrent aucune facilité en termes d'exemption fiscale ou douanière, pis encore, ils interdisent carrément l'importation de certains produits. Nous respectons leurs décisions puisqu'ils visent à protéger leurs intérêts. Cependant, ce que nous refusons, c'est qu'on critique l'Algérie lorsqu'elle a voulu faire de même». Il faut dire que cette position en faveur des opérateurs et producteurs algériens a porté ses fruits. Pour rappel, ces derniers avaient émis le souhait d'être accompagnés pour qu'ils soient «au même niveau que les opérateurs arabes». Ils avaient soumis un cahier de doléances sur ce sujet au ministère du Commerce, à l'administration des Douanes et à la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI). La liste en question, pour précision, a été confectionnée par la CACI en collaboration avec les opérateurs économiques et avalisée par le Premier ministre. Elle comporte une somme de catégories de produits que l'Algérie veut interdire à l'importation pendant trois à quatre années. Les secteurs productifs considérés comme porteurs de l'économie et menacés par ces importations sont, entre autres, l'industrie agroalimentaire, les produits agricoles, le textile, le papier, le carton et l'électroménager. Et c'est ainsi que l'Etat a affiché par la suite sa détermination à les protéger pour une durée déterminée, après avoir fait une évaluation d'une année d'adhésion à la ZALE, un espace de libre-échange que des chefs d'entreprises algériens demandent qu'il soit révisé. Au même titre, il faut souligner que l'Algérie n'est pas le seul pays à avoir revu la liste de produits importés dans le cadre de la ZALE. Plusieurs pays arabes l'ont déjà fait. A citer notamment le Maroc, l'Egypte, la Syrie, la Tunisie, le Liban et la Jordanie. Le Maroc, pour sa part, a sélectionné 804 produits, l'Egypte 709, la Syrie 255, la Tunisie 161, le Liban 41 et la Jordanie 35. Mais en plus de cette liste «négative», notre pays a aussi exigé que la délivrance du certificat d'origine du produit exporté vers les pays de la ZALE soit effectuée au niveau de la même instance dans tous les pays arabes contrairement à ce qui se fait actuellement où ce document est établi dans certains pays par le ministère du Commerce, dans d'autres, par les chambres de commerce et d'industrie. D'autres mesures d'accompagnement ont vu le jour Une autre mesure a été décidée dans le même cadre et il s'agit de l'obligation aux opérateurs économiques désireux d'exporter leurs produits dans le cadre de la ZALE de mentionner toutes les indications sur la marque et l'origine de ces produits lors de leur dédouanement afin d'identifier le pays d'origine. Signalons à cet effet que près de 60% des marchandises qui transitent par la ZALE ne comportent pas de mention du pays d'origine lors du dédouanement. S'agissant des flux d'importation et d'exportations enregistrés depuis l'adhésion de notre pays, selon les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques, les exportations algériennes vers les pays de ladite zone ont diminué de près de 50%. Leur volume est passé de 246,7 millions de dollars à seulement 124,7 millions de dollars. Quant aux importations, elles ont connu une hausse de 46,6% par rapport à 2008 soit un total de 1,6 milliard de dollars. Le manque à gagner en droits de douane résultant de l'octroi des avantages préférentiels aux marchandises des pays de la ZALE est estimé à 10,4 milliards de dinars, selon les Douanes algériennes. L'Egypte reste le premier exportateur vers notre pays avec 550,6 millions de dollars suivi par la Tunisie avec 347,5 millions de dollars, l'Arabie saoudite (166,5 millions de dollars) et la Jordanie (123,9 millions de dinars). Il y a lieu enfin de noter que les responsables de la douane avaient indiqué, au début de l'année, que l'action des services des douanes de lutte contre la fraude sera particulièrement axée, durant l'année en cours, autour de la majoration de valeur des produits finis importés auprès des pays de la Zone arabe de libre-échange, à l'origine de gros transferts illicites de devises. Les mêmes sources avaient signalé que le dispositif de lutte contre cette infraction des changes a été mis en place suite aux dérives enregistrées notamment dans le cadre de la ZALE où des importateurs majorent la valeur des produits importés auprès de certains pays arabes. Le constat établi par cet organisme fait ressortir une hausse des cas de majorations de valeur et une nette diminution des déclarations de minoration de valeur. Ce qui engendre particulièrement des pertes financières pour l'Etat car si la minoration engendre un manque à gagner, la majoration affecte les réserves de changes officielles.