L'ONU ambitionne de réduire de moitié l'extrême pauvreté dans le monde à l'horizon 2015. En 2000, les 192 Etats membres de cette instance internationale se sont assignés à réaliser ce qui est défini par le sigle OMD (objectifs du millénaire pour le développement). Vœu pieux, déclaration d'intention ou réel tournant dans l'histoire de l'humanité ? Fantasme des humanistes, les OMD atteints érigeraient Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, au rang de mécène pour les siècles à venir. Mais voilà, le monde est ainsi fait, «les tragédies des autres sont toujours d'une banalité désespérante», écrivait le dramaturge irlandais Oscar Wild. Particulièrement quand ces tragédies touchent des populations dans des zones géographiques éloignées. Les pays riches voudraient bien aider. Ils ont souscrit aux OMD. Mais charité bien ordonnée commence par soi-même. L'ONU dans sa recherche de l'argent nécessaire à sa politique espère piocher encore dans les fonds publics des Etats. Nombre de ces derniers ont promis de contribuer à cet effort déjà en 2000. Rares sont ceux qui ont respecté leurs engagements. Motif invoqué : la crise économique et financière mondiale. Cet évènement a mis à nu toutes les difficultés dans lesquelles le tout-libéral a entraîné la planète. Tous les Etats vivent dans la précarité, dans le sens littéral du terme. La première économie mondiale souffre d'une dette publique supérieure à 11 mille milliards de dollars. Plus de 7% de sa population (44 millions sur les 310 millions d'habitants) vit sous le seuil de pauvreté. Alors, comment attendre une aide financière de ces pays ? M. Ban Ki-moon estime à 100 milliards de dollars l'enveloppe nécessaire pour atteindre les objectifs assignés à l'horizon 2015. Que faire ? A qui demander ? Encore aux grandes puissances qui ont réussi à trouver 800 milliards de dollars pour sauver le système bancaire mondial ? Rien n'est moins sûr. Au regard des aléas économiques mondiaux, pour atteindre les nobles objectifs du millénaire, rien ne vaut le «compter sur soi». Pour preuve, la part de l'Afrique - le continent le plus touché par la misère - de l'aide publique au développement mondial a été revue à la baisse, passant de 40% en 1990 à 35% depuis 2000. Finalement, les OMD, s'y conformera qui pourra. Les pays émergents et ceux qui s'y acheminent. En attendant l'émergence d'une véritable politique internationale du commerce équitable, la fin des hégémonies sur les marchés et des multinationales gloutonnes. En attendant aussi la relégation des spéculateurs et autres boursicoteurs du rang de génies financiers à celui de criminels. Alors, peut-être la faim dans le monde passera du stade de fantasme à celui d'objectif à atteindre. S. A.