Le Maghreb fait face à de « graves menaces terroristes », a prévenu, jeudi, le porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdallah. « Notre région (…) est exposée à des actes terroristes violents comme ce fut le cas en début de semaine dans un pays voisin », déclarait-il à Rabat à la suite d'un conseil du gouvernement. Le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, affirmait de son côté à l'agence de presse marocaine, avoir pris « toutes les mesures et dispositions nécessaires pour parer à toute tentative d'atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays (…) ». Des mesures que justifient, d'après lui, les « mouvements dans la région de groupes terroristes extrémistes », et les « opérations survenues sur la scène régionale » ainsi que le « démantèlement d'un certain nombre de réseaux terroristes ». Le gouvernement annonce la revue à la hausse du niveau d'alerte et un renforcement des contrôles au niveau des ports et aéroports. « Nous avons insisté sur la nécessité de hausser le niveau de mobilisation et de vigilance », a affirmé le porte-parole du gouvernement qui a justifié le recours, dans ces conditions, des services de sécurité à des arrestations « préventives ». Sept islamistes, soupçonnés de préparer des attentats, ont été interpellés, mardi, à Meknès (120 km à l'est de Rabat), quatre d'entre eux ont été remis en liberté, indique l'agence de presse MAP. Ce groupe, dont les membres sont âgés de 24 à 26 ans, est soupçonné d'appartenance à l'association non autorisée de la Salafia Jihadia, et de préparer des attentats contre des casernes militaires et des établissements universitaires. « Les sables mouvants du terrorisme s'approchent du Maroc », titrait, jeudi, le quotidien gouvernemental Al Ittihad Al Ichitiraki. Le journal considère les attentats spectaculaires de Boumerdès et de Tizi Ouzou, comme une « preuve d'existence » de la branche d'Al Qaîda au Maghreb, c'est un « engagement opérationnel » de propager l'action terroriste à partir de l'Algérie vers tous les pays du Maghreb, le « Maroc en tête », écrit-il. Tout en établissant le lien entre les interpellations de Meknès et les opérations sanglantes du GSPC , Al Ittihad Al Ichitiraki estime que « l'heure est à la vigilance ». Surtout que « les différents rapports des services de renseignements font état de risques d'attaques terroristes » ciblant le Royaume. La menace devient, d'après le même quotidien, d'autant plus sérieuse qu'une « importante » réunion a regroupé, dimanche dernier, à Kenitra, les plus hautes autorités chargées de la sécurité du Royaume. Les préfets de police, les chefs des sûretés régionales, le ministre de l'Intérieur, le ministre délégué à l'Intérieur, Fouad Ali El Himma, le directeur du contre-espionnage, Yassine Mansouri, le directeur de la sûreté, Cherki Drais et le directeur général de la surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi, ont assisté au conclave pour, officiellement, mettre en œuvre les mesures à même de renforcer le dispositif antiterroriste et parer ainsi à toute éventualité. Si à Rabat l'heure est au branle-bas de combat, il n'en est pas de même pour Alger. L'acharnement terroriste ne semble pas inquiéter outre mesure. Tout au contraire, le temps est aux béates assurances. Les attaques de mardi dernier qui ont fait six morts et treize blessés surviennent deux semaines après les assurances du ministre délégué aux Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, selon lequel le GSPC « est en voie d'être mis hors d'état de nuire » et qu'il ne représente nullement « un danger pour le Maghreb et la France ». Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, affirmait à la fin de l'année que le nombre d'actes terroristes « a considérablement diminué » depuis février 2006, « même s'il y a des récalcitrants » qui rejettent l'offre de réconciliation nationale. Il a même expliqué que le recours des groupes terroristes aux explosifs était une « preuve de leur faiblesse car, a-t-il souligné, poser une bombe, c'est facile. » Des paroles qui, manifestement, ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd.