Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Hormis les festivals officiels qui offrent aux Oranais la possibilité de s'oxygéner l'esprit - à défaut de le nourrir - et les rares projections-phares de la Cinémathèque (comme Indigène il y a quelques années, et Hors-la-loi cette semaine), le paysage culturel oranais demeure terriblement et désespérément indigent. On aurait pu penser que l'institution, il est vrai très fébrile, du festival du film arabe dans la capitale de l'Ouest réanimerait un secteur du cinéma moribond ou profiterait d'une manière ou d'une autre au secteur de la musique, du théâtre ou du livre, il n'en est rien : les salles de spectacles, joyaux d'un passé désormais oublié, restent obstinément closes, l'activité théâtrale demeure tributaire de la quantité au détriment de la qualité et le livre continue à être confiné dans de rares petits espaces.«Nous n'en sommes pas encore à considérer la culture comme une priorité, estime Rachid, la quarantaine. Cela viendra peut-être un jour mais, pour le moment, nous sommes beaucoup plus préoccupés par des besoins plus terre à terre.» Et qui concernent davantage le pouvoir d'achat et les prix des produits de large consommation que le nom de la future pièce de théâtre de tel réalisateur (il n'est d'ailleurs pas certain que le citoyen lambda en connaisse un seul), de la date d'arrivée dans les bacs du dernier album de tel chanteur ou du dernier-né de tel romancier. Les responsables locaux, de leur côté, n'évoquent la culture que très épisodiquement, ce qui dénote le peu d'intérêt que les pouvoirs publics accordent dans les faits à ce secteur. Dans quelques jours, la quatrième édition du festival du film arabe - sans doute le seul événement de poids dont Oran ait hérité - viendra animer quelque peu le paysage culturel et donner aux Oranais qui le désirent la possibilité de renouer avec le cinéma maghrébin. «Mais cela ne suffira pas à effacer cette indigence culturelle qui est la nôtre depuis de très longues années», poursuit encore Rachid. «Une fois les lampions éteints et les participants repartis, vers quel cinéma pourrions-nous nous diriger ? C'est déjà la quatrième édition et aucune salle de spectacles n'a été réhabilitée et rouverte au public, vous trouvez que c'est normal ?» demande-t-il. Il est vrai que de nombreux Oranais, en se remémorant les promesses de l'ancien commissaire général du festival, Hamraoui Habib Chawki et des différents responsables qui se sont exprimés lors de la première édition, se posent encore la question de savoir ce que ce festival a changé dans leur ville. Dans cette situation, ce sont les établissements culturels étrangers qui parviennent à secouer cette léthargie en organisant des rencontres, des concerts et autres projections cinématographiques. Qu'il s'agisse du Centre culturel français ou de l'Institut Cervantès, les observateurs s'accordent à dire qu'ils réussissent là où, faute d'une politique cohérente et d'une réelle volonté, les structures locales ont échoué.