De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Après une léthargie culturelle vécue par les citoyens de la wilaya de Bouira durant cette saison estivale, le mois de septembre s'ouvre sans aucune programmation de manifestations de la part de la Direction de la culture ni de la part des animateurs des quelques associations culturelles qui sont répertoriées comme actives par les responsables du secteur. Même durant le mois de Ramadhan connu pour être une période durant laquelle l'animation culturelle atteint des pics, les soirées artistiques organisées par la maison de la culture ont été interrompues, suite à des échauffourées entre des jeunes qui ont eu lieu au début du mois au niveau de l'esplanade de ladite infrastructure.Le champ culturel, au niveau du chef-lieu de la wilaya et d'autres communes, est toujours empreint d'une morosité inquiétante. Aucune exposition de livres ou de peintures, point de représentation théâtrale ni de soirée poétique. D'un autre côté, la rentrée scolaire annonce le début d'un dur labeur pour les élèves. Les élèves scolarisés sont appelés à réviser leurs cours et suivre leur cursus et n'ont pas de temps de lire des livres de culture générale ou de s'intéresser aux activités culturelles ou autres. Du côté de la Direction de la culture, aucune exposition de livres n'a été organisée à l'occasion de la rentrée pour faire connaître au grand public les nouveaux titres édités par les différentes maisons d'édition.Alors que les lecteurs adultes et les artistes peinent toujours à trouver un espace adéquat à leur épanouissement, en plus du manque d'infrastructures et de moyens, la conjoncture a accentué la disette culturelle héritée depuis des années, et ce, malgré les efforts déployés par les responsables du secteur pour encourager les compétences et secouer l'ordre des choses afin de combler un vide angoissant qui fait sombrer le citoyen dans l'ignorance et l'incivisme. Dans cette optique, plusieurs activités et expositions ont été organisées çà et là, afin d'attirer le maximum du public à la pratique culturelle et à s'intéresser aux différentes activités et disciplines qui constituent un vaste espace aux artistes et hommes de culture au niveau local et régional pour s'exprimer et faire valoir leurs compétences dans les différents domaines. En dehors des autres créneaux de la culture, le livre et les albums de chanson constituent pour le moment les seuls domaines qui sont liés à l'économie du fait que la production est destinée en majorité à la vente au public. Au même moment, il a été constaté que, sur la place publique, les bibliothèques, les librairies et autres espaces commencent à perdre de leur importance aux yeux des citoyens. Ces lieux qui pouvaient jouer un grand rôle dans la redynamisation du champ culturel dans la société et notamment dans le milieu de la jeunesse, se sont reconvertis avec le temps, en s'adaptant aux réalités sociale, économiques et culturelles de la société. A l'heure de la multiplicité des médias, des nouvelles technologies de communication et de la généralisation de l'Internet, l'acte de lecture se trouve quelque peu menacé et se pratique rarement chez les citoyens. De leur côté, les propriétaires de plusieurs librairies au niveau du chef-lieu de wilaya, poussés par l'exigence de la rentabilité et l'appât du gain facile, ont transformé leurs magasins pour vendre d'autres articles que les livres. Les articles scolaires, les équipements et consommables d'informatique et de bureautique et les manuels extrascolaires viennent garnir les rayonnages de ces établissements privés. Cependant, connaissant la valeur inestimable du livre ou du manuel d'une discipline donnée dans le développement de l'esprit de l'individu depuis son enfance, certains bouquinistes et libraires continuent de consacrer à ces ouvrages un petit espace afin d'attirer les adeptes de la lecture. Selon les libraires publics qui ont l'habitude d'exposer au niveau de Bouira, les citoyens se sont intéressés notamment aux encyclopédies, aux livres d'histoire du pays, à la culture générale et aux romans alors que, pour les enfants, l'intérêt s'est porté sur les contes, style Petit Chaperon rouge, Aladin et Cendrillon et autres. De leur côté, les lycéens et universitaires ont préféré le prêt de livres scientifiques et les romans, les mêmes livres étant proposés dans les librairies privées à des prix exorbitants et non à la portée des lecteurs dont le revenu est médiocre. L'activité de ces librairies, dont le nombre est réduit, est presque figée et se limite généralement à la commercialisation du livre scolaire et parascolaire, donc loin de susciter un quelconque intérêt culturel. Nos interlocuteurs ont exprimé leurs vœux de voir le livre à la portée de tous et que la lecture retrouve ses lettres de noblesse au sein des différentes couches de la société. Sans cela, la mentalité du citoyen de Bouira demeurera toujours figée, ont-ils ajouté. En ce qui concerne les autres activités telles que les ciné-clubs et les expositions de peinture et autres disciplines culturelles, la scène n'a enregistré aucune révolution au cours de ces dernières années, ces créneaux ne sont inscrits par les responsables dans les programmes que rarement.