Photo : Zoheir Par Ziad Abdelhadi Certains professionnels de la pièce détachée en Algérie estiment que ce n'est pas le nouveau dispositif d'importation qui viendra à bout du fléau de la contrefaçon mais plutôt une meilleure sensibilisation des consommateurs devant les dangers que représente la pièce de rechange de mauvaise qualité. En d'autres termes, «arriver à convaincre les utilisateurs de l'intérêt de se procurer une pièce d'origine au lieu d'un élément dont l'origine est indéterminée», nous ont souligné nos interlocuteurs rencontrés la semaine dernière à l'occasion du quatrième Salon international du véhicule industriel. Ils nous souligneront également : «Une large et efficace sensibilisation donneraient sans aucun doute des résultats sur le terrain au point que les pièces contrefaites se retrouveraient boudées par la clientèle. C'est là encore un objectif à atteindre.» Cependant, ils ont reconnu : «Connaissant la moyenne d'âge du parc national routier et le pouvoir d'achat de nombreux propriétaires de véhicules, la pièce contrefaite a encore de beaux jours sur le marché algérien.» Vers l'assainissement du marché Toutefois, l'ensemble de nos interlocuteurs disent avoir bien accueilli le nouveau dispositif d'importation de pièces de rechange, non sans souligner également que «l'impact de cette mesure n'est, certes, pas encore tout à fait perceptible sur le marché de la pièce détachée mais l'avenir nous dira si réellement le marché a été assaini du moins en grosse partie car il est impensable de ne plus rencontrer de pièce mal copiée connaissant le nombre impressionnant d'opérateurs non professionnels qui jusqu'ici nous dament le pion par le fait qu'il est devenu facile de devenir vendeurs de pièces détachées alors qu'un investisseur qui se lance dans la pièce de rechange doit être du métier», nous a rétorqué le représentant d'un stand. Et de poursuivre : «Cette facilité est due au fait que le marché national de la pièce de rechange continue, jusqu'à aujourd'hui, à être alimenté par deux canaux différents : les distributeurs agréés et le marché informel. Ce dernier s'approvisionne de la contrefaçon et des pièces détachées provenant du désossement des véhicules volés». En ce qui concerne l'organisation du marché, un grossiste détaillant nous expliquera qu'elle passe avant tout par l'encouragement des véritables professionnels, et donc il faut «punir lourdement les trabendistes», ajoutera-t-il. La dernière mesure prise par le ministère du Commerce s'inscrit dans cette logique puisque l'importateur se doit de s'assurer que sa marchandise est conforme aux exigences prévues dans le nouveau dispositif. C'est là une manière d'annihiler toute idée de faire passer des pièces non certifiées.Soulignons également dans la foulée que le législateur n'en est pas à sa première mesure pour freiner les importations de pièces de rechange non certifiées. L'Etat algérien a, en effet, commencé par interdire l'importation des véhicules de moins de trois ans, suivie d'une seconde loi interdisant l'importation de toute pièce de rechange d'occasion. Le projet de loi de finances 2007 interdit formellement l'importation à l'état usagé de pièces détachées, parties et accessoires de véhicules et d'engins. La contrefaçon en ligne de mire Mais devant l'ampleur du marché de la contrefaçon, il devenait nécessaire de rendre encore plus draconiennes les conditions d'importation. Dans cet esprit, on se rappelle que le ministère avait annoncé en 2009 qu'il allait intervenir en conséquence pour endiguer ce fléau grandissant. Et de prévenir que les décisions du blocage, par les services des Douanes, des marchandises qui ne répondront pas aux normes requises sont «fermes et sans appel». Le ministère avait à l'époque justifié la nouvelle mesure par un souci immédiat de mieux lutter contre la pièce de rechange contrefaite. Il déclarera par la voix d'un responsable de la régulation auprès du ministère du Commerce : «Nous sommes en train de développer une approche pragmatique pour mieux lutter contre la pièce de rechange taïwan qui reste responsable du quart des accidents de la route en Algérie.»Au sujet des accidents de la route, une étude de terrain a révélé que l'utilisation des pièces contrefaites qui constituent 50% de la totalité des pièces importées, est la cause du quart des accidents survenus sur les routes algériennes. Selon l'Institut national de la propriété industrielle (INAPI), les pièces de rechange automobiles viennent en première place des produits contrefaits commercialisés sur le marché. Quant aux quantités de pièces saisies pour contrefaçon, elles ont été de l'ordre de 1 500 tonnes pour une valeur de 6,2 millions de dollars en 2009. Les motifs de saisie ont été l'absence de la marque et le défaut d'étiquetage. En 2008, les importations de pièces d'automobiles ont atteint un volume de 44 256 tonnes pour une valeur de 291 millions de dollars américains.