De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Lors d'une virée dans la localité de Souani, distante de quelques kilomètres de la frontière algéro-marocaine, nous avons constaté que la commune nécessite davantage de projets en vue de créer de l'emploi qui reste la préoccupation majeure des jeunes. Nous avons essayé de contacter le maire pour avoir plus de détails sur la gestion de la commune, ses projets et les problèmes rencontrés, mais il était absent.Dans cette région, bon nombre de jeunes activent dans la filière de la contrebande. Le chômage bat son plein. Les ruelles du village sont en mauvais état et le manque de logements en fait une région mal aimée. En effet, cette contrée qui fait partie de cette Algérie profonde mérite une attention de la part des décideurs.A Souani, face à plusieurs maux, les jeunes se battent pour la «survie». Certains ont été obligés d'aller chercher du travail ailleurs, loin de chez eux, alors que d'autres, plus nombreux, optent pour la contrebande du fuel, de denrées alimentaires, etc. C'est le même constat que nous ferons à Beni Boussaid et Marsat Ben M'hidi, deux autres communes frontalières.Cette situation fera dire à certains responsables que les communes devraient se voir confier plus de responsabilités dans une perspective de développement durable. Cette décentralisation de la décision vise à mieux répondre aux besoins des citoyens. Mais elle impose au préalable une modification des mécanismes de prise de décision locale, voire une modification du mode de gestion locale. Une nouvelle gouvernance locale, basée sur la négociation entre collectivités locales, partenaires et citoyens, exige de redéfinir des partenariats appropriés : la mise en place de structures décisionnelles ou participatives nouvelles, ouvertes à la population…Ainsi, les élus doivent savoir ce qu'est la notion de gouvernance urbaine qui permet d'analyser l'organisation et la formation d'un acteur dans la gestion de la ville. La qualité de vie dans les communes frontalières marquées, faut-il le préciser, par une hausse des prix des denrées alimentaires comme le sucre, le lait, etc. qui sont détournées pour être revendues au Maroc, devrait interpeller tous les responsables locaux. Il en est de même pour le manque de certaines infrastructures. Les maires ont du pain sur la planche et de nombreux chantiers attendent d'être pris en charge. Gestion des déchets urbains, chômage, amélioration du cadre de vie, crise de logement sont quelques-uns des problèmes que les municipalités se partagent et qui ne trouvent toujours pas de solutions, mais tout juste, au mieux, des palliatifs. Cependant et dans l'optique de donner une nouvelle impulsion à la démocratie locale, profitable à tous les citoyens qui expriment des besoins concrets, il est nécessaire de mettre en place une politique plus vivante et plus innovante. Dans pratiquement toutes les communes frontalières de la wilaya de Tlemcen, pour lutter efficacement contre la contrebande, on peut jouer la carte de l'agriculture. Ces régions étant riches en terres agricoles, beaucoup d'efforts seront bénéfiques pour, d'une part, générer de l'emploi et, d'autre part, exploiter des superficies abandonnées et participer à l'économie locale et régionale, comme indiqué par les spécialistes. Les maires de ces régions ne doivent en aucun cas oublier que le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de «besoins» et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et l'idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. Donc, les communes, notamment celles frontalières, peuvent contribuer financièrement au lancement d'opérations bénéfiques tant pour les citoyens que pour toute la région.