Après une décennie « d'opérations antiterroristes » en Tchétchénie, la Russie a levé le régime d'exception, tournant ainsi la page sur un conflit qui a longtemps entaché son image. Alors que des guérillas sont toujours actives dans le Caucase russe, le comité antiterroriste a indiqué dans un communiqué avoir « annulé hier l'ordre déclarant que le territoire de la République de Tchétchénie était une zone d'opérations antiterroristes ». Cette annonce marque la fin d'une opération lancée par Moscou, à l'automne 1999, refusant le terme de guerre. Cependant, la lutte contre le terrorisme s'effectuera désormais dans cette République comme « dans les autres régions » de Russie, poursuit le comité. La décision est intervenue « sur l'ordre » du président russe, Dmitri Medvedev, qui s'était dit en faveur de cette mesure le 27 mars. Du côté de la Tchétchénie, les autorités pro-russes se sont immédiatement félicitées de ladite décision. « Nous apprenons avec grand plaisir la nouvelle de l'annulation de l'opération antiterroriste », a déclaré le président tchétchène, Ramzan Kadyrov. Personnage controversé, dont les fidèles sont accusés d'exactions par les organisations de défense des droits de l'homme, il s'est posé en père de la Tchétchénie pacifiée en y mettant en œuvre la politique russe de "normalisation". Par ailleurs, la Tchétchénie avait été déchirée par une première guerre de 1994 à 1996, qui s'était soldée par la défaite des Russes, laissant à cette région une indépendance de fait. Mais après une vague d'attentats en Russie attribuée à la mouvance indépendantiste, et une attaque contre la République caucasienne russe du Daguestan, Moscou avait lancé, en octobre 1999, une opération militaire « antiterroriste » qui a contribué à la popularité du Premier ministre d'alors, Vladimir Poutine. Comme lors du premier conflit, les ONG et la communauté internationale se sont élevées contre cette guerre qui ne disait pas son nom, suscitant la colère de Moscou qui estimait exercer son droit de lutter contre un mouvement séparatiste terroriste. Au total, quelque 100 000 personnes, soit 10% de la population, trouvèrent la mort dans les deux guerres. Si les combats d'envergure se sont terminés vers 2002, la guérilla tchétchène a continué des années durant à mener des attaques spectaculaires, comme la prise d'otages de l'école de Beslan en septembre 2005, ou celle du théâtre de la Doubrovka à Moscou en 2002. Il est à noter que la plupart des unités militaires russes ont déjà quitté la Tchétchénie, mais des dizaines de milliers de policiers originaires d'autres parties de la Russie s'y trouvent encore, ainsi que des dizaines d'unités des services spéciaux.