Photo : Riad Par Samira Imadalou La nécessité de renouveler les billets de 200 dinars a fait l'unanimité, hier, chez les députés qui ont soulevé encore cette problématique de billets de banque usés en demandant leur retrait. Tour à tour, les membres de l'Assemblée populaire nationale (APN), qui ont eu à intervenir lors des débats qui ont suivi l'exposé du gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Laksaci, sur la situation économique et monétaire du pays, sont revenus sur ce dossier et sur les promesses non tenues de la BA quant à sa prise en charge. «Qu'attendez-vous pour retirer ces billets de la honte qui touchent à la souveraineté du pays ?» s'est interrogé à ce sujet un député. Et de poursuivre : «Le problème a été pourtant posé à maintes reprises et vous avez promis de le régler. Pourquoi cette lenteur ?» Une interrogation revenue maintes fois durant les heures consacrées au débat. S'ajoutera à cette préoccupation celle liée au manque de liquidités au niveau des agences bancaires et bureaux de poste à travers le pays. La nécessité d'agréer les bureaux de change pour freiner le marché parallèle de la devise a également été soulevée par les députés, qui ont jugé trop court le délai de deux jours qui leur a été accordé pour étudier le rapport de la BA avant de le débattre hier.Par ailleurs, les députés se sont interrogés sur l'écart de 3,3% entre les chiffres donnés par la BA et le ministère des Finances concernant le taux de croissance hors hydrocarbures. Si M. Laksaci a donné hier le taux de 9,3%, Karim Djoudi, lui, avait tablé sur 6% pour un taux de croissance global de 3,9%. Même constat pour l'inflation ; M. Laksaci l'a estimée à 5,4%. De son côté, M. Djoudi avait donné 4%. D'où viennent alors ces différences dans les chiffres (3,3% pour la croissance hors hydrocarbures et 1,4% pour l'inflation) ? Il faut dire, à ce sujet, que ce n'est pas la première fois qu'il y a un décalage entre les chiffres fournis par différents responsables. Au sujet du rapport de la BA, outre la situation économique en 2009 et celle du premier semestre 2010, M. Laksaci a abordé d'autres questions, notamment celle de la liquidité bancaire. Selon Laksaci, cette liquidité a diminué entre janvier et février 2010 pour augmenter durant les trois mois qui ont suivi et atteindre, en juin dernier, le même niveau que celui de décembre 2009, c'est-à-dire 1 100 milliards de dinars. Le premier responsable de la Banque centrale a même parlé d'excédent de liquidités, particulièrement ces dernières semaines. Sur un autre plan, les principaux indicateurs pour le premier semestre 2010 reflètent globalement, selon M. Laksaci la stabilité de l'économie nationale. Entre janvier et juin 2010, les exportations d'hydrocarbures ont atteint 27,61 milliards de dollars, en hausse de 38,31% par rapport à la même période de 2009. Les importations ont, en parallèle, baissé de 5,1% toujours par rapport à la même période de référence. Si l'importation des marchandises, toutes catégories confondues, a chuté de 5%, celle des services a connu une hausse de 11,8. Pour les réserves de changes, le chiffre donné par Laksaci est de l'ordre de 146,229 milliards de dollars. Pour le gouverneur de la BA, l'amélioration de la balance des paiements permet au pays de poursuivre le programme d'investissements public et d'améliorer la capacité d'épargne du pays. Cependant, le rapport de la Banque d'Algérie indique, toujours selon le même document, que les crédits à l'économie ont augmenté de presque 9,35% entre janvier et juin 2010, atteignant les 208,5 milliards de dinars. 55,71% de ces crédits ont été consommés par le secteur public. Le secteur privé a bénéficié de 44,29% de ce montant. La part des banques privées dans ces crédits est en hausse, mais les banques publiques continuent de financer les investissements publics dans les grands projets d'infrastructures.De manière sommaire, M. Laksaci a relevé la solidité de la situation financière du pays et annoncé de nouvelles mesures pour améliorer la gestion des risques. Il a parlé dans ce cadre du rôle de la centrale des risques. De même qu'il a soulevé l'importance des lois adoptées en matière de renforcement du contrôle interne conformément à la nouvelle loi bancaire. La BA s'engage, par ailleurs, à informer le gouvernement sur toute anomalie pouvant affecter la stabilité financière. Une étroite collaboration et un échange d'informations sont prévus entre le ministère des Finances et la BA. Il s'agit de préparer le système financier national à faire face aux conséquences d'éventuelles crises à l'échelle internationale.