Une moyenne de 89% des descendants d'immigrés disent se sentir «français», mais 37% ne se sentent pas reconnus comme tels, selon une enquête établie par l'Institut national des études démographiques (INED) et l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Pour M. Cris Beauchemin, coauteur de cette recherche, les tendances mises en avant à travers cette enquête portant sur «La diversité de la population en France», font ressortir que les immigrés sont de plus en plus instruits et que c'est chez les hommes d'origine subsaharienne qu'il y a le plus de diplômés du supérieur. De même, les filles d'immigrés ont une vraie réussite scolaire, peut-être plus que les filles de la population majoritaire (Français non issus de l'immigration) et tout cela, dit-il, va à l'encontre des idées reçues. En revanche, du côté de l'emploi, la situation est plus négative, estime-t-on. A situation égale, les immigrés ou descendants d'immigrés ont beaucoup plus de chances d'être au chômage, et une fois sur le marché de l'emploi, il reste des écarts de salaires très importants. Les immigrés d'origine subsaharienne touchent, à situation égale, un salaire inférieur de 13% à celui des salariés de la population majoritaire et à la fin du mois, 13% ça fait une différence, souligne cette enquête. Par ailleurs, 37% des enfants naturalisés disent ne pas se sentir français. C'est la première fois, estime M. Beauchemin, qu'on dispose de cette mesure à l'échelon national de manière aussi représentative, soulignant que c'est la largeur du spectre qui fait l'originalité de l'enquête. Elle confirme ce qu'on pensait, «mais avec un outil statistique solide, on n'est plus dans l'impression», a-t-il dit. Sur les écarts de situation, les immigrés déclarent moins que les descendants d'immigrés. On pense ainsi que la déclaration du sentiment de discrimination est plus forte chez les jeunes parce qu'ils sont à un stade de leur vie où il y a beaucoup de transitions. Ce sentiment s'explique peut-être aussi parce que contrairement aux descendants, nés en France, les immigrés viennent de pays où les conditions sociales et économiques ne sont pas aussi favorables, relève-t-on. Ils peuvent donc se dire que ce n'est pas si mal ici. A l'inverse, il y a dans la population majoritaire une conscience forte de l'existence des discriminations racistes. Mais le plus surprenant, c'est ce sentiment que les discriminations sexistes sont beaucoup plus faibles, souligne-t-on encore. Sur une mission constituée par le président Nicolas Sarkozy destinée à étudier la possibilité de remettre en cause le droit du sol, le coauteur de cette enquête considère que tout ce qui peut contribuer à stigmatiser des populations et qui peut laisser penser que des personnes ne méritent pas d'être françaises, est de nature à accroître les problèmes. R. I.