De notre correspondant à Constantine Nacer Hannachi Durant six soirées, Constantine se fondra «musicalement» avec son ombre, l'Andalousie. Ce retour aux sources est devenu possible grâce aux passerelles musicales que les adeptes du genre musical qu'est le malouf, un dérivé de la musique andalouse, préservent pour pérenniser cette communion artistique et notamment l'élargir à d'autres points du Maghreb et d'Orient. La 4ème édition du Festival culturel international de la musique malouf de Constantine, institutionnalisé par le ministère de la Culture, se veut, pour cette année, une reconnaissance pour un des piliers du malouf, en l'occurrence le défunt Abdelkader Toumi. Aussi les organisateurs tiennent-ils à ce que la touche malouf soit la note dominante de ce rendez-vous musical.Le ton de cette 4ème édition sera donné ce soir au Théâtre régional de Constantine, seule structure pouvant accueillir une manifestation importante. Après une première à Skikda, ce chant et cette musique, dont les racines plongent dans l'histoire de l'Andalousie, aura donc rejoint son fief habituel pour la troisième fois consécutive, soit un pur retour aux sources qui au passage avait alimenté polémiques, controverses et débats piquetés de non-dits. Habité par l'âme artistique du défunt Abdelkader Toumi, figure incontestable du genre, le présent festival se veut une partition andalouse authentique, avec ses dérivés, tel le mouacheh du Moyen-Orient, avec en prime une vision sur les étapes ayant conduit à la fabrication du luth «El Raml». Une conférence est programmée à ce sujet par le professeur espagnol Carlos Pianiaguo. Poursuivant son action d'institutionnalisation des festivals culturels, le département de Khalida Toumi a donc arraché la manifestation au premier commissariat pour la placer entre les mains de la Direction de la culture de la wilaya de Constantine, avec comme commissaire du festival M. Foughali, le directeur de wilaya de la culture. Sans trop s'étaler sur les raisons de cette «dépossession», de part et d'autre on a acquiescé pour cette nouvelle option sans trop faire de grabuge, d'autant plus que la «transition» est somme toute logique et que le ministère de la Culture, qui est le premier pourvoyeur de fonds des différents festivals, a toute latitude de choisir leur lieu de déroulement. Il s'agira cependant de ne pas desservir des villes et des wilayas alors que d'autres totalisent plusieurs festivals et salons culturels.Dans ce sillage, cette édition a consacré 13,5 millions de dinars, dont 9 millions alloués par le ministère et 3,5 millions par le fonds de wilaya. En matière de sponsoring, «seule la station régionale de Constantine a approuvé la sollicitation des organisateurs», selon le responsable du festival. «Nous aspirons à donner à cette édition une authenticité maghrébine dédiée uniquement au malouf et ce, pour demeurer fidèle à l'appellation du festival et à sa vocation initiale, à savoir les échanges et l'apprentissage pour mieux exporter cette musique adulée à Constantine», a soutenu M. Foughali, le directeur de la culture et désormais responsable du festival, jeudi dernier lors d'un point de presse organisé en présence de journalistes locaux, indiquant qu'il est important, voire nécessaire, de préserver la coloration de cet art. Un objectif qui devra se matérialiser, selon l'intervenant, par le choix artistique des troupes qui se produiront du 23 au 28 octobre. A ce titre, en réponse à une question de la Tribune sur la qualité et le niveau des formations invitées, pour toute réponse, le commissaire nous renverra au Net où, avec quelques clics, les journalistes comme n'importe quel citoyen pourront connaître les multiples prestations que les formations invitées ont livrées et leurs palmarès. Aussi importera-il de préciser le rapprochement «du genre» exigé par le tri initial. En ce qui concerne les troupes choisies, le rituel veut que les trois lauréats du festival national soient retenus, à savoir les deux associations Constantinoises, Maqam et El Inchirah, de l'école du groupe Sonelgaz qui se sont respectivement classées 1re et 2ème et le chanteur Zaza à la troisième place. Du côté international, les organisateurs ont tablé sur la participation d'un orchestre purement féminin. Il vient de Tunisie. La professeur Amina Srarfi en est la chanteuse au premier violon. «Pourquoi nos écoles constantinoises ne verseraient-elles pas, plutôt ne calqueraient-elles pas l'idée d'un orchestre féminin», lâche le commissaire. Au même chapitre, la Libye, la Syrie, le Maroc s'illustreront durant ce festival avec leurs troupes, Hassan Aribi «li el Malouf», le groupe andalou d'Alep et Banis Abdelfattah, et ce, aux côtés d'une présence espagnole avec sur le devant de la scène le Qanun de Pigonia Olivide. Toutefois, Constantine sera représentée par son orchestre régional sous la baguette de Samir Boukridira. «Qui dit régional renvoie à une exploration au sens large du propos. Cela dit, on ne doit pas se contenter de faire monter un orchestre régional qui porte uniquement l'appellation. Au contraire, il faut injecter des talents des divers horizons limitrophes à Constantine», a précisé le commissaire. La nuance est émise, car ledit groupe ne renfermait pas d'artistes extra-muros. Localement également, Salim Fergani a été convié par le commissariat pour ajouter une touche supplémentaire au festival, après avoir, pour rappel, tourné le dos aux organisateurs lors de la précédente édition pour des motifs de «cachet d'artiste». L'Orchestre national mené par Rachid Guerbas mettra la dernière touche, dernière note, à cette manifestation à la clôture. En marge du festival, des masters class seront organisés pour des élèves des associations, avec au programme l'apprentissage du violon. Des conférences sont aussi programmées qui traiteront d'Ibn Baja, des travaux de Zyriab et du devenir des musiques authentiques à l'ombre du troisième millénaire. Les conférences seront animées par le docteur Hamadi de Constantine et Abdelkrim Sakar de Londres (Grande-Bretagne).