De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Quel artiste amateur n'aurait pas souhaité un jour être sous les feux des projecteurs et graver dans ses souvenirs des tonnerres d'applaudissements de publics conquis par ses prestations ? Quel bonheur de pouvoir conquérir l'oreille musicale des mélomanes ! Pourtant, il n'est pas si simple de trouver d'emblée son aura musicale. Imposer d'emblée son style demeure la chose la plus délicate dans l'entame du parcours d'un jeune musicien. Qu'il soit amateur ou professionnel, l'artiste et/ou le groupe trime et travaille dur pour produire des notes justes et des textes agréables en vue de charmer le microcosme qu'il tentera de conquérir au départ avant de l'élargir à la faveur de sa création. La scène musicale constantinoise oscille entre le malouf, le jazz, le classique, le métal, le rock, le latino, auxquels s'ajoute cette nouvelle tendance des animations avec des platines, des DJ et des casiers pleins de CD. Cependant, dans cet univers musical coloré, un genre demeure verrouillé. C'est celui de la musique andalouse dont la pratique passe par une initiation pointue, sous l'œil vigilant des «chouyoukhs» dont l'oreille fine ne laisse pas passer la moindre fausse note. Pourtant au côté des associations de malouf existent bel et bien des percées musicales épousant d'autres genres, d'autres styles, mieux métissant les sons ! Des groupes d'amateurs tentent tant bien que de mal de se frayer une place sur la scène musicale locale. Chose qui n'est pas facile dans une cité qui ne dispose pas de salles de répétition à mettre à la disposition des troupes actives. Que dire alors des salles de spectacles ? Un handicap majeur qui entrave pour beaucoup la volonté des artistes à œuvrer en continu et qui finissent, soit par abandonner, soit par,travailler épisodiquement en s'efforçant d'arriver au studio pour un enregistrement qui les aiderait. Sur ce volet, les responsables locaux accordent peu d'importance à la création même si elle émane du terroir. Combien de virtuoses sortis d'un conservatoire se sont vus coupés de tout public, faute d'une attention des acteurs culturels. La chance aura un peu souri à quelques-uns parmi ceux ayant choisi de tenter l'expérience sous d'autres cieux. Constantine avec son conservatoire et ses associations de malouf n'accorde pas la moindre place aux groupes «amateurs». A ce mépris s'ajoutent la cherté des instruments, le manque d'encadrement et l'absence d'espaces de travail auquel font face ces groupes qui, souvent, n'ont que des hangars et caves comme studios de répétition. Actuellement, Constantine vit au rythme d'une nouvelle tendance musicale signée par un quatuor qui travaille au métissage de la musique andalouse. Ce groupe brasse des sonorités universelles en y introduisant des instruments traditionnels à l'image de la mandoline. «C'est de la pure acoustique, nous dira le fondateur de cette troupe, Lahmar Djbrane. Nous voudrions rendre la musique andalouse aussi agréable par l'introduction de nouvelles sonorités qui n'affectent pas, cependant, son propre cachet. Pour ce faire, la troupe utilise des guitares classiques, une flûte à bec alto et des percussions», explique-t-il. L'identité musicale est préservée, mais la sphère musicale est exploitée comme l'atteste le nom du groupe baptisé Ethno sphère, qui entrera en studio si tout se passe pour le mieux incessamment pour enregistrer son premier CD. Formé d'anciens élèves du conservatoire, dont un enseignant en musique, cette nouvelle formation qui s'inscrit dans le genre qu'il nomme «latino-andalouse» ajoutera une nouvelle note sur la partition constantinoise, jouée jusque-là en un turn around purement andalou.