Photo : Riad Par Badiaa Amarni Elargir la concertation et favoriser l'écoute, tels étaient les objectifs assignés aux deuxièmes assises nationales de la pêche et des ressources halieutiques tenues la semaine dernière à l'hôtel Hilton. Deux jours de francs débats entre les différents partenaires du secteur, professionnels, universitaires entre autres, ont abouti à des recommandations importantes pour peu qu'elles soient mises à exécution et qu'elles ne restent pas sans suite. Cette série de recommandations adoptées à la majorité des participants vont dans le sens de la relance du secteur de la pêche et des ressources halieutiques de même que de l'amélioration de sa productivité et, par là même, l'augmentation du ratio des Algériens en termes de consommation de poisson. Sans doute, l'une des difficultés majeures vécues par le secteur, selon des responsables du département de Abdallah Khanafou, est le manque de ressources halieutiques dont la biomasse ne dépasse pas les 600 000 tonnes par an et dont les quantités autorisées à la pêche ne dépassent pas les 200 000 tonnes, soit le tiers. Lutte contre la pêche illicite La priorité donc pour les responsables en charge de ce secteur est d'évaluer encore une fois ces ressources et les capacités en termes de poisson à pêcher. Programmer des campagnes d'évaluation de cette ressource au niveau du littoral algérien est une des recommandations retenues. De plus, les participants aux assises ont préconisé la nécessité de responsabiliser les professionnels du secteur pour une pêche responsable, rationnelle et surtout durable, en gérant de la meilleure façon les espaces de pêche. La sensibilisation des pêcheurs au respect de la réglementation en vigueur concernant l'exploitation de ces ressources et leur protection, de même que le respect des périodes de repos biologiques, aspect qui sera révisé, sont d'autres recommandations adoptées. Celles-ci vont aussi dans le sens de l'organisation de la pêche de loisir, de la lutte contre la pêche illicite à travers la création d'une commission de discipline au niveau des ports, de l'orientation des pêcheurs vers les espaces non exploités, et de l'examen de la possibilité de faire bénéficier ces pêcheurs d'une indemnité lors des périodes de mauvais temps ou de pannes relevées sur leurs bateaux de pêche les contraignant à arrêter leurs activités.Pour améliorer les capacités de production, cap sur l'aquaculture. Les participants à cette rencontre se sont félicités de la décision prise par le ministre de la Pêche quant à la reprise du programme de soutien à l'investissement dans ce créneau d'activité très prometteur. Aquaculture, cap sur le renforcement de l'investissement De nombreuses expériences sont déjà menées et ont porté leurs fruits. Il reste maintenant à encourager d'autres investisseurs à rallier cette filière, notamment dans la conjoncture actuelle où le débat autour de la sécurité alimentaire du pays en accapare une grande partie. Aussi, il est recommandé de redéfinir les espaces devant servir d'assiette de terrain pour recevoir les projets, de créer un outil de développement pour l'encadrement et la régulation de l'activité aquacole, d'encourager l'intégration de la pisciculture aux autres activités, tels le tourisme et le sport, d'appliquer un taux préférentiel pour l'énergie et l'eau destinées à cette activité, et de renforcer le développement de la recherche dans ce domaine. La redynamisation de la coordination sectorielle et la mise en place de conventions avec le secteur des finances pour ce qui est des concessions agricoles, de l'habitat pour les permis de construire, et du tourisme pour l'accès aux zones d'activité touristique sont d'autres propositions retenues. Les recommandations concernent également la révision du découpage géographique des chambres nationales de la pêche et de la gestion des ports de pêche, de même que l'affectation de la gestion des marchés de gros aux chambres de commerce. Toujours sur ce volet, les participants ont recommandé l'accélération de la mise en place d'un cadre juridique pour la gestion des points de vente de poisson au niveau des ports et la récupération des prérogatives de gestion des ports de pêche au profit du secteur, ainsi que le soutien de l'élargissement de l'utilisation des boîtes en plastique pour stocker le poisson. Vers la création d'un office national de la pêche Les participants ont plaidé pour la création d'un office national de la pêche et de l'aquaculture regroupant les acteurs économiques, en vue de valoriser les activités de recherche scientifique et d'intégrer les compétences scientifiques nationales dans les activités de la recherche du secteur. Il est aussi nécessaire, selon eux, d'élaborer une charte d'investissement et de financement qui garantisse les droits de l'investisseur et ses devoirs, de même que créer une banque de données et d'informations économiques à mettre à la disposition des opérateurs évoluant dans le secteur. Les participants ont préconisé la mise en œuvre des accords de coopération signés avec le secteur de l'enseignement et de la formation professionnels, l'objectif étant l'encouragement de la formation en matière de pilotage des navires et l'amélioration des capacités d'encadrement pédagogique de même que la mise à niveau des professionnels du secteur. Bien sûr, le volet coopération avec des pays étrangers, notamment arabes et africains, a été évoqué. Encourager le partenariat dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture a été proposé. Il faut signaler que 32 instruments de coopération avec des pays partenaires sont déjà signés et qu'il convient de renforcer cette coopération. Le ministère de la Pêche se dit prêt à accompagner les investisseurs désireux d'évoluer dans les pays africains dont beaucoup ont affiché leur volonté de bénéficier de l'expérience algérienne dans le domaine.