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Israël poursuit sa colonisation dans les territoires palestiniens occupés
Alors que tous les regards ont été détournés vers un processus de paix obsolète
Publié dans La Tribune le 26 - 10 - 2010

Au lendemain du l'expiration du moratoire sur le gel de la colonisation, le 26 septembre, les bulldozers et les pelleteuses israéliens ont recommencé leur travail dès l'aube. L'activité a repris dans les chantiers de construction de nouvelles cités que l'occupant sioniste avait implantées sur le sol palestinien de la Cisjordanie et d'El Qods-Est occupées. La relance des projets de colonisation par le gouvernement de Benyamin Netanyahou est intervenue trois semaines seulement après la reprise des pourparlers de paix avec l'Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas, qui avait menacé de se retirer des négociations si Tel-Aviv refusait de geler ses colonies, s'est finalement plié aux «conseils» des ses «frères arabes» qui lui ont suggéré lors de la rencontre de Syrte (Libye), il y a deux semaines, de patienter un mois pour sauver un processus de paix qui traîne depuis presque vingt ans. Et pendant tout ce temps, la machine expropriatrice israélienne opérait tranquillement dans les territoires occupés palestiniens. Selon le centre palestinien de l'information (CPI), citant le centre d'El Qods pour les droits sociaux et économiques, la colonisation israélienne n'a jamais été aussi active que durant le mois de septembre dernier. La fin de l'été a été marquée par une notable escalade dans la colonisation à El Qods et dans la confiscation des terres agricoles palestiniennes pour construire des centaines de nouvelles unités coloniales, a noté le CPI. «Il y a des plans sionistes pour construire plus de 12 000 unités coloniales, dont 1 600 dans la colonie de Ramat Shlomo installée illégalement sur les terres du village de Chi'fat, 400 à l'est de la colonie Navi Jakob, 700 dans la colonie Kantari Ramout à l'ouest du village de Chi'fat et de Beit Hanina, 1 900 dans la colonie du mont d'Abou Ghounaim Haroumah, 3 150 dans la colonie Gifat Hamtous, 450 à Armoune Hanatsif, 850 dans la colonie de Ramat Rahil et 3 000 autres dans la colonie de Geilo, au sud d'El Qods», selon les sources de la municipalité de l'occupation à El Qods. D'autre part, «l'autorité sioniste de la nature et des jardins a rasé, le 21 septembre dernier, des centaines d'hectares des terres agricoles palestiniennes dans le quartier d'at-Tur à l'est de la vieille ville d'El Qods. Simultanément avec la colonisation intensive et le nivellement des terres, les autorités de l'occupation sioniste ont commencé, le 16 septembre, à fermer le camp de Chi'fat au nord d'El Qods, mettant des blocs de béton aux côtés du barrage militaire sioniste installé à l'entrée du camp. Le rapport a accusé l'occupation de démolir de nouveaux établissements et maisons palestiniens durant le mois dernier de septembre», lit-on dans le rapport du centre d'El Qods pour les droits sociaux et économiques.
Les Palestiniens privés d'eau et de liberté de mouvement
Dans un long témoignage sur la condition de vie des Palestiniens dans les territoires occupés, Joharah Baker, écrivaine au Media and Information Department at the Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy (MIFTAH), a voulu montrer une autre facette du conflit israélo-palestinien. «La présence militaire et les heurts avec l'armée d'occupation sont des caractéristiques importantes de l'occupation israélienne de la Cisjordanie, mais elles ne sont pas les seules», a-t-elle noté dans sa contribution qui a été publiée par le site Info-Palestine.net. «Ce n'est pas seulement la circulation et les barrages qu'Israël contrôle. Les Palestiniens partout en
Cisjordanie souffrent du manque d'eau. Dans mon quartier de Ramallah, l'eau est coupée quatre jours sur sept. Les familles doivent se rationner en eau parce que, quand leurs réservoirs sont vides, il n'y a aucun moyen de les remplir avant que l'eau ne revienne. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'eau en Cisjordanie contrairement à ce qu'on croit», a-t-elle souligné. Selon un rapport de l'organisation israélienne des droits de l'Homme B'tselem, Israël contrôle et exploite pour son propre compte 80% de l'eau des nappes aquifères de la Montagne qui représentent la réserve d'eau la plus importante de la région. La population palestinienne se partage les 20% qui restent, dénonce cette militante de la cause palestinienne. Mme Baker se réfère même au rapport publié en 2008 par l'Organisation mondiale de la santé qui, selon elle, «permet de se faire une idée plus précise de la manière dont Israël contrôle les ressources en eau pour la distribuer à ses propres habitants». Selon cet organisme, la consommation minimale quotidienne par habitant devrait être de 100 litres. L'écrivaine livre des chiffres effarants sur la consommation individuelle de l'eau en Israël. «La consommation individuelle atteint 242 litres pendant que les Palestiniens ne disposent que de 73 litres en moyenne par jour et par personne. Dans certains endroits, les Palestiniens ne disposent que de 37 litres. Les colons illégalement installés en terre palestinienne ne manquent pas d'eau. Si vous passez près d'une colonie juive, vous verrez des pelouses vertes et une piscine et il est plus qu'évident que les colons n'ont pas besoin de se demander s'ils auront assez d'eau pour se doucher ou pas. Les rapports indiquent que, dans des endroits comme la vallée du Jourdain, les colons utilisent jusqu'à six fois plus d'eau que les Palestiniens qui habitent au même endroit», ajoute-t-elle. Les colons israéliens sont même arrivés jusqu'à voler les pierres de la vieille mosquée du village de Ma'loul, près de Nazareth, d'où les villageois avaient été chassés par la force en 1948. Les Palestiniens ont organisé une marche de protestation pour dénoncer cet acte barbare et ont relevé le défi de la reconstruire de nouveau.
Droits de l'Homme violés
Lorsqu'il arrive aux populations palestiniennes de sortir de leur ornière et de tenter de dénoncer ces injustices, elles se voient reçues par la matraque et les arrestations arbitraires, comme cela était le cas hier. «Onze Palestiniens ont été interpellés par les forces d'occupation israéliennes en Cisjordanie occupée», ont rapporté des médias palestiniens. Selon ces sources, ces Palestiniens ont été interpellés lors d'une incursion israélienne dans les localités de Qalqilia, d'Al Khalil et de Beïtlahm où l'occupant israélien procède régulièrement à des arrestations de Palestiniens de façon arbitraire. Les violations des droits de l'Homme par les forces de sécurité israéliennes ne se limitent pas aux arrestations arbitraires. Les policiers israéliens usent aussi de leurs armes pour réprimer toute personne qui ose élever la voix au-delà du mur de la honte qui quadrille les quartiers palestiniens. En septembre dernier, trois Palestiniens, dont un enfant, ont péri sous les tirs des policiers sionistes dans la ville occupée d'El Qods. Les victimes, deux jeunes vivant dans le quartier d'Al Athawri et de Selwan et un enfant du village d'Al Essawia, ont succombé à leurs blessures dans les ambulances alors que les forces d'occupation les ont empêchées d'atteindre l'hôpital d'El Qods. «Les forces occupantes ont empêché le transfert des blessés de l'intérieur de leurs maisons après avoir gêné les ambulances qui étaient sur la route vers eux comme c'était le cas avec une femme palestinienne dans le village, qui a été blessée au visage par une bombe sonore», a dénoncé le centre d'El Qods dans un rapport publié le 24 octobre dernier. Le rapport a confirmé que ces opérations de meurtre ont coïncidé avec l'usage excessif de la force, la multiplication des vagues d'arrestations, l'escalade des affrontements et des faits de protestation dans différentes zones
d'El Qods, où les forces occupantes ont arrêté plus de 25 Palestiniens dont la majorité était des enfants et des adolescents dans le village d'Al Essawia, de Selwan et dans la vieille ville d'El Qods, a rapporté le CPI. Les prisonniers palestiniens qui croupissent dans la prison désertique de Néguev subissent le même traitement que leurs concitoyens palestiniens dans les territoires occupés. Dans une lettre au parfum de SOS, les détenus ont affirmé recevoir des quantités limitées de repas quotidiens. L'eau qu'ils consommaient aurait été contaminée par les Israéliens qui leur interdisent de recevoir de nouveaux vêtements.
L'«impossible Etat palestinien»
Les détenus ont alerté aussi sur la détérioration de leur santé à cause du manque de médicaments et l'accès quasi impossible aux médicaments. La torture morale et psychologique de la part des geôliers israéliens a été inscrite sur la longue liste de sévices subis par les détenus palestiniens dont le nombre dépasse au total les 500, si on leur rajoute ceux des autres prisons israéliennes. Réduits à l'exil, à la prison et la répression meurtrière de la part de l'occupant sioniste, les Palestiniens croient peu en la création d'un Etat palestinien indépendant. Dans son livre intitulé Il n'y aura pas d'Etat palestinien : journal d'un négociateur en Palestine, Ziyad Clot, a avoué que «Le processus de paix est un spectacle, une farce qui se joue au détriment de la réconciliation palestinienne, au prix du sang versé à Ghaza. Et je suis en train de devenir bien malgré moi un des acteurs de ce drame». Ziyad Clot, petit-fils d'exilés palestiniens est revenu à Ramallah où il a accepté un poste de conseiller juridique auprès de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Il est devenu l'un des négociateurs qui ont participé aux pourparlers qui devaient mener à la création de l'État palestinien avant la fin de l'année 2008, date à laquelle les négociations ont été interrompues suite à la guerre d'agression israélienne de la bande Ghaza. Ce sentiment de désillusion a touché même Richard Falk, le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme dans le territoire palestinien occupé. Dans un rapport publié vendredi, Richard Falk a conclu que «la création d'un Etat palestinien ne semble qu'une illusion, en raison de la colonisation, elle semble être plus problématique que c'est une solution». Et d'ajouter : «L'expansion des colonies à Jérusalem (El Qods occupée), à travers une colonisation illégale et la destruction de maisons et le retrait des droits de résidence des Palestiniens, aggrave la difficulté d'imaginer que Jérusalem soit la capitale palestinienne», a-t-il ajouté, en soulignant que «l'occupation prolongée depuis 1967 a un coût humain très élevé». Le diplomate onusien affirme en fait douter de «la possibilité d'un échange de terrains pour la création d'un Etat palestinien viable», considérant qu'il n'existe aucun lien entre le processus de compromis et l'illusion prétendant qu'un État palestinien souverain peut être généré à partir de ces négociations. Pour lui, la réalité du terrain rend irréalisable la concrétisation de ce projet cher aux Palestiniens. La réunion d'hier du comité ministériel sioniste chargé des affaires législatives conforte un tel pessimisme qui alimente l'éventuelle reprise des armes par les Palestiniens déçus par l'échec de dialogue direct avec l'occupant israélien. Le comité ministériel a approuvé hier en fait une nouvelle loi considérant la judaïsation d'El Qods comme une «priorité nationale». La loi en question estime que la ville sacrée fait partie des régions nommées «zones de développement» dans différents secteurs notamment le logement, l'emploi et l'éducation, a rapporté le CPI. Le site web du journal hébreu Yediot Aharonot a montré que cette loi a obtenu le soutien d'une majorité de ministres au gouvernement sioniste dont celui de la sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, soulignant que cette décision s'inscrit dans le cadre de la politique du gouvernement. Dimanche dernier, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou a mis en garde les Palestiniens contre un «recours à des instances internationales» déclarant lors du conseil hebdomadaire des ministres que les Palestiniens doivent «respecter leur engagement de négocier directement avec Israël». «J'estime que toute tentative de s'en détourner par un recours à des instances internationales n'est pas réaliste et n'avancera en rien le processus» de paix, a-t-il ajouté, continuant d'exercer son chantage sur une Autorité palestinienne divisée entre partisans et opposants à l'option de négociations avec Tel-Aviv. Mais l'attitude de M. Netanyahou puise sa force dans la division qui mine le gouvernement palestinien et les différentes tendances militantes, c'est-à-dire le Hamas et le Fatah particulièrement.
L. M.


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