Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Quand la wilaya d'Oran avait annoncé, il y a quelques mois, la reprise de l'opération de relogement des familles habitant dans des sites menaçant ruine, personne ne se doutait que l'ordre des choses allait être bousculé, voire violenté et non respecté. Alors que les familles prioritaires et initialement annoncées sur les listes de la wilaya s'attendaient à être sélectionnées, elles se verront encore laissées-pour-compte, les services de la wilaya ayant choisi, pour des raisons évidentes, de reloger des familles bien logées. Les bidonvilles ont la peau dure C'est le cas des dernières familles bénéficiaires de logements sociaux et qui habitaient le quartier de Choupot. La bâtisse qui abritait ces familles, accueille aujourd'hui les fondations de ce qui devra être une somptueuse demeure. C'est là tout le malheur de la wilaya d'Oran. Que de programmes de logements sociaux et autres types ont été attribués à Oran, sans permettre la résolution des problèmes posés ou atténuer un tant soit peu la tension sociale sur ce dossier. Déficit en matière de logements sociaux, menace de ruine des vieilles bâtisses, constructions illicites et habitat précaire sont autant de points de discorde dans la gestion de ce dossier. Mais le problème des constructions illicites est de loin celui qui inquiète et qui devrait focaliser toutes les attentions et les efforts. Malgré tous les dispositifs et les décisions prises pour mettre fin au phénomène des constructions illicites, le problème persiste et devient même une préoccupation majeure pour le chef de l'Etat. S'il est vrai que le phénomène se nourrit, en partie, des failles du système local, il n'en demeure pas moins qu'il traduit une certaine réalité sociale faite d'injustices et de hogra. Il y a quelques mois seulement, l'ancien wali avait annoncé une vaste opération pour nettoyer la ville des bidonvilles. Malheureusement, les choses ont longtemps traîné avant d'être abandonnées. Le nouveau wali annonce l'éradication des bidonvilles avant fin 2012 Aujourd'hui, Oran s'accroche à un nouvel homme, Abdelmalek Boudiaf, auquel elle accorde toute sa confiance pour l'aider à sortir de ce bourbier. L'une des priorités annoncées par ce nouveau chef de l'exécutif de wilaya est d'arriver à éradiquer totalement les bidonvilles de la wilaya avant la fin de l'année 2012. Cela sans trop donner de détails sur la manière de procéder, comment faire avec les familles qui squattent ces sites, est-ce qu'il y aura relogement de l'ensemble ou étude de cas par cas ? Et d'autres questions attendent encore d'être clarifiées. Le nouveau wali affiche une certaine rigueur et une intransigeance dans sa démarche qui semble être une véritable mise en garde contre le laxisme et le laisser-aller qui caractérisent l'action de l'exécutif de wilaya. Mais pour le nouveau wali, la tension sociale que risque de générer l'éradication des constructions illicites est-elle bénéfique pour la suite de son action sur le terrain ? Des solutions justes et étudiées devront être prises pour venir à bout de ce dossier inextricable. Les constructions illicites poussent, à Oran, comme des champignons. Ce sont plus de 3 000 unités qui parsèment la capitale de l'Ouest et qui gangrène son tissu urbain. Chaque jour, des constructions voient le jour dans différentes zones de la wilaya d'Oran bien que la préférence soit portée sur la périphérie immédiate de la ville. Il existe, dans ce cadre, des quartiers entiers illicites dont la création ne dépasse pas deux ans. C'est au cas du site de haï Cheklaoua qui avait été rasé et qui renaît de ses cendres, une fois de plus. Avec la complicité de certains élus locaux dans l'ancienne APC et autres fonctionnaires de la ville, le site a été créé de toutes pièces. Des dysfonctionnements aggravent le problème Dans un premier temps, il était question de la démolition d'une première tranche de près d'un millier de constructions illicites essaimant les communes limitrophes. C'est dans la localité de Benfreha que le plus gros des constructions a été relevé. 700 constructions illicites situées dans cette localité ont été identifiées au niveau des périmètres agricoles. Les habitations ont été édifiées à travers trois groupements, dont un comprenant quelque 300 constructions. A Aïn El Turck, face aux dysfonctionnements de l'assemblée locale, le phénomène a pris de l'ampleur. Les constructions illicites se situent à Saint Rock et Aïn Sfia avec, respectivement, 60 et 50 constructions. Dans la commune de Misserghine, des familles déshéritées habitent depuis des années dans un site appartenant à l'agence foncière de wilaya. Après plusieurs recensements, ces familles attendent toujours un relogement ou une amélioration de leurs conditions de vie, à travers la pose des réseaux d'assainissement, l'AEP, la route et l'énergie électrique et gazière. Le site de la CUMO, une ancienne cité universitaire qui n'a pas été dissoute, continue d'alimenter les rentiers du secteur qui ont cédé les pavillons à plus de 24 millions l'unité. La facture de l'électricité de cette cité au titre de la consommation des indus occupants, s'élève à plus de 1,200 milliard de centimes. Ce qui veut dire que c'est l'enseignement supérieur qui paye l'électricité des squatteurs. A Oran, il existe autant d'exemples qui renseignent sur la mauvaise gestion et le laxisme de l'exécutif de wilaya. Espérons que le nouveau wali aura assez de souffle pour tenir jusqu'au bout. Car Oran a la triste réputation d'essouffler ou de faire abandonner les plus téméraires.