Le phénomène n'a pas cessé de croître tout au long des décennies passées, enregistrant une plus grande ampleur ces dernières années en l'absence des pouvoirs publics. Les bidonvilles, cette plaie nationale, se sont incrustés dans le paysage tant et si bien qu'il n'y a pratiquement plus de gêne, chez de nombreux citoyens, à ériger un taudis. Il en pousse chaque jour dans toutes les régions du pays, au vu et au su des autorités locales, notamment des élus, dont la complaisance a encouragé la prolifération de ces constructions précaires et illicites. Une complaisance qui a joué même au niveau des recensements, extensibles à souhait, alors qu'ils auraient dû être clos il y a une dizaine d'années, quand la décision d'éradiquer les bidonvilles a été prise. Les élus ne se sont pas contentés de fermer les yeux mais certains d'entre eux ont même octroyé des «bouts» de terrain à des proches et amis pour y planter des gîtes de fortune. Une manière pour beaucoup d'ouvrir droit à un logement dans les opérations de recasement, et ce qui est pire, c'est que des bénéficiaires de relogement n'hésitent pas à céder leur baraque moyennant une petite fortune. Ce n'est qu'aux dernières opérations de recasement que les bulldozers entrent immédiatement en action pour démolir ces cahutes afin d'éviter qu'elles soient réoccupées. Mais on a tellement laissé faire que le mal s'est propagé au point qu'il est difficile d'en venir à bout. Il faudrait des millions d'unités pour pouvoir éradiquer totalement les bidonvilles, ce qui risque de prendre plusieurs années, et en même temps satisfaire les demandes de citoyens en quête d'un logement pour éviter l'implantation de nouveaux sites illicites. Mais ce qu'il faut, surtout, c'est bannir ce type de comportement devenu, dans l'esprit des citoyens, un sésame pour obtenir un appartement, les pouvoirs publics étant restés pendant longtemps sourds aux besoins en la matière. Quant aux sites évacués, leur utilisation à bon escient est indispensable. C'est ce qui est attendu pour les nombreux endroits qui abritaient récemment des bidonvilles, en d'autres termes il doit être évité qu'ils prennent des itinéraires douteux. R. M.