De notre correspondant à Constantine Nacer Hannachi Véritable traversée musicale offerte par l'Espagnole Begoña Olavide, joueuse de qanun médiéval, le psaltérion, en compagnie d'un orchestre marocain phénoménal sous la baguette de la figure incontestable de la musique andalouse marocaine, Omara Metioui. De la musique ancienne datant de la chute de Grenade aux vibrations classiques. Ce groupe métissé plutôt teinté par cette voix de gitane aura réveillé les muses du théâtre régional de Constantine qui accueillait la 4ème soirée du festival international du malouf de Constantine, mardi soir dernier. Point d'entracte. Il y avait de l'originalité dans l'œuvre. «Je ne parle pas français, mais je le comprends…», dira l'artiste espagnole vêtue de noire, laissant plutôt la parole au maestro du luth pour livrer un aperçu sur le répertoire à produire. C'est un ensemble de mouashah dont le finish est une «kherdja», expliquera Metioui qui demeure à l'affût de nouveaux arrangements et croisements entre les chants du Maghreb en général et leurs dérivés à travers d'autres contrées proches de la péninsule Ibérique. Preuve en est, la prestation de la soirée a agréablement adouci les oreilles. L'affiche alléchante consacrée au coup de «pub» à l'ibérique seule, n'est en fait qu'une mesure de la partition. Toute la troupe excellait ! Les complaintes de sirènes de Begona à chaque début de pièce seront relayées par une orchestration endiablée au cours de laquelle le chef fera sortir l'âme du luth en l'explorant sans retenue. Brahim Idrissi, violoniste et vocaliste, s'adonnera à plusieurs exercices de style dont des échappées vers le malouf. Saïd El Kadi en fait autant, interprétant un long Istikhbar sous les applaudissements du public. Metioui a fait sortir son génie créatif lors de cette soirée. Il a pu enchevêtrer des musiques anciennes espagnoles à celles maghrébines sans heurter les notes. Le moment paisible en rythme sera proche du Choro brésilien, «des pleurs». La «gitane» interprétera une romance sur la chute de Grenade. Accompagnée de son propre qanun, elle émettra des voix ensorcelantes, et des passages «tremolos» au luth donnant une pure sérénade nocturne au grand bonheur des romantiques et sensibles à l'ère baroque. Encore une fois, Omar Metioui puise dans sa richesse musicale pour proposer aux mélomanes une prestation arabo-andalouse, pour le moins, fabuleuse. L'affiche pourtant consacre une voix espagnole dont la fioriture renvoie à l'époque des troubadours. L'adepte d'instruments anciens, ce Marocain, chercheur fidèle au patrimoine ancestral, ne cesse d'étonner. L'année passée, il aura laissé des notes retentissantes dans le théâtre régional. Il n'en finit pas ! La prestation de mardi soir aiguillonnerait à coup sûr les associations musicales locales pour sortir de leur ghetto et aller explorer, davantage, le maalouf. La première partie de la soirée a été donnée par la troupe jeune assez sympathique de Maqam, laquelle a occupé le haut de la tribune, lors du dernier festival national à Constantine. De jeunes talents ont puisé dans le répertoire et présenté des airs fidèles purement» académique. En définitive, le festival dans sa 4ème édition sera clôturé ce soir avec l'orchestre national sous la direction de Rachid Guerbas. Hier, l'orchestre régional de Constantine et Hassan Aribi du malouf libyen devraient animer la cinquième soirée.