Des bâtisses vieillissantes qui ne résistent pratiquement plus aux effets du temps et qui constituent le gros du tissu urbain, c'est le constat que tout un chacun peut faire à la vue de ces immeubles usés jusqu'aux fondations et à la merci de la moindre vibration. Telle est la situation d'une partie inestimable du parc immobilier dans notre pays, une situation dont on n'a pas cru bon de s'occuper au moment où il était encore possible de penser à sa préservation. L'effondrement des habitations anciennes fait maintenant partie du quotidien, celles-ci constituent indéniablement un danger mortel pour les habitants. Combien d'édifices «essoufflés» et hors du temps se sont effondrés faute d'une politique de sauvegarde, ensevelissant leurs occupants ? Il suffit souvent d'une infiltration d'eaux pluviales pour que des pans entiers s'écroulent. La configuration de beaucoup de quartiers a changé, alors que des trous béants ont pris la place de bâtisses écroulées. L'état de délabrement du vieux bâti est tel qu'une grande partie est condamnée à la démolition. Ce qui signifie qu'on doit reloger les habitants, et donc construire à tour de bras si l'on ne veut pas compliquer le problème du logement qui se pose avec acuité depuis des années. La dégradation du vieux bâti n'était pourtant pas une fatalité, il suffisait pour les pouvoirs publics d'inscrire celui-ci parmi leurs préoccupations et d'en faire une de leurs priorités. A la place, le ministre de l'Habitat estime que la tâche incombe aux propriétaires qui, s'ils doivent prendre soin de leurs habitations et en assurer l'entretien – ce qui est rarement le cas faut-il le dire –, ne peuvent procéder à la restauration des vieux immeubles. Celle-ci relève des prérogatives des pouvoirs publics, mais le problème est ailleurs. La question du financement n'y est certainement pas étrangère. R. M.