«Nous faisons face à une véritable crise sociétale. Les liens sociaux s'effritent. La cellule familiale est menacée […] Notre grand défi est de préserver la cohésion sociale», a déclaré hier un représentant du ministère de la Solidarité nationale, lors d'une rencontre sur la politique sociale et économique, organisée au centre de presse d'El Moudjahid. Un constat partagé par un grand nombre d'hommes et de femmes, de toutes les catégories sociales, à travers toutes les wilayas du pays. Dans son intervention, il évoquera avec insistance la situation de ras-le-bol et de désespoir que vit le simple citoyen en Algérie, estimant que le problème est très sérieux puisqu'il s'agit, aujourd'hui, de «crise identitaire». Cela touche particulièrement les jeunes qui ont du mal à trouver leurs repères et leur individualité dans une société complètement «dysfonctionnelle», de l'avis même des psychologues et autres spécialistes de la question identitaire. Au nom de sa tutelle, l'invité du forum d'El Moudjahid proposera des solutions à même de répondre aux besoins pressants de tous ceux qui se sentent écartés, marginalisés… En somme vulnérables, incapables de surmonter leurs difficultés. «Le ministère de la Solidarité nationale se propose d'œuvrer à la préservation de la cohésion sociale. C'est notre défi. Nous opérerons des changements dans les politiques publiques et nous nous attaquerons aux racines de cette crise identitaire», dira-t-il, confiant. Connaissant toutefois la réalité du terrain, il sera difficile de croire en l'aboutissement d'un tel engagement. Une question s'impose : le ministère de la Solidarité nationale a-t-il les moyens d'atteindre cet objectif, alors qu'il peine à gérer de manière convenable et juste le couffin du Ramadhan et les problèmes des personnes handicapées ? Former des éducateurs spécialisés -dont le représentant de ce département vante les mérites- ne suffit pas à régler le problème bien que la communication ait un rôle fondamental dans le développement et l'émancipation de la famille. Le grand défi lancé par l'invité du forum d'El Moudjahid concerne tous les départements ministériels et tous les secteurs. C'est un travail intersectoriel qui engage la responsabilité de tous. Malheureusement, comme il l'a d'ailleurs souligné, «il faut travailler dans la souplesse, la coordination et la concertation […] Cela, le ministère de la Solidarité nationale ne le trouve pas chez ses partenaires». Présent à cette rencontre, un représentant du ministère de l'Habitat a souligné l'importance de construire de nouveaux logements, de réduire le taux d'occupation et de lutter contre l'habitat précaire. De grands efforts ont été déployés par l'Etat dans ce domaine, a-t-il dit, mais il reste beaucoup à faire. C'est surtout dans les grandes villes du nord du pays que la situation semble embarrassante, voire assez critique. Pour y remédier : «L'augmentation de l'offre est évidente. Il est également question de diversifier les segments de cette offre.» L'Algérien attend mais ne voit pas venir grand-chose. Le problème du foncier est un handicap mais il n'est pas le seul. L'urgence, aujourd'hui, nous ne cesserons jamais de le dire, est de lutter efficacement contre la corruption, la spéculation, les passe-droits… tous ces fléaux qui rendent le quotidien de tout Algérien correct et honnête de plus en plus amer. Proposer la vente d'un simple appartement F3 à 8 millions, 9 millions, voire plus de 10 millions de dinars, c'est à la limite du mépris et un déni total de la liberté individuelle. K. M.