Les supporters algériens sont-ils des «violents» ? Paraît-il que des sociologues de chez nous les trouvent plutôt «radicaux». C'est dire qu'un violent avec une machette à bout de bras ne ressemblerait en rien à un radical avec un cran d'arrêt sous le manteau. Arrêtons avec ce genre de différentiation et autres nuances saugrenues et appelons un chauvinisme un chauvinisme et… un extrémisme un extrémisme. Car il est simplement intolérable que des familles de Kouba désertent leur logis et choisissent par peur le chemin de l'exode à la veille d'un match de football. Et qu'ils ne nous disent pas que cela tienne de l'inédit dans les annales du ballon rond algérien. Les automobilistes d'Alger ou d'ailleurs sont «invités» par la force de la bêtise humaine à modifier leurs plans de circulation habituels s'ils veulent éviter d'être agressés par une horde de supporters à l'allure de guerriers sur les autoroutes. C'est du vécu, ça ne peut donc être du blabla relevant d'un quelconque fantasme de scribouillards. La violence dans les stades n'est pas qu'une affaire qui se règle entre galeries adverses sur des gradins archi-combles. Mais bien au-delà des guichets, côté agglomérations. Dans les rues et dans les centres-villes où les tirs de sommation ne font plus fuir grand monde. A qui incombe la faute ? A de jeunes désœuvrés qui n'ont plus que les stades pour maudire leur mal de vivre et crier MISERE en chœur ? S'acharner sur de pauvres passants, femmes, vieillards, couples, doit être réprimé à tous les coups et de la manière la plus sévère. Toutefois, il n'est pas juste de condamner tous nos supporters pour délit grave commis par des bandes d'infâmes qui végètent en dehors des pelouses. Bien qu'impardonnable, leur péché cache l'incompétence chronique chez certains de nos responsables. De nouveau, elle vient d'être étendue au zénith. N'a-t-on pas pu faire preuve d'autorité pour que le fameux match RCK-USMH se joue ailleurs qu'à Kouba où les commerçants ont décidé de «faire grève» par crainte d'un après-midi de saccages ? A priori, la décision revient à la présidence des clubs et aux comités de supporters, quitte à provoquer de tragiques troubles à l'ordre public. Mais il serait presque superflu de se poser de telles questions quand on s'obstine à construire un stade au centre de Bab El Oued et dont la capacité d'accueil est bien en deçà des dizaines de milliers de supporters du Mouloudia d'Alger. De l'inconscience généralisée au point que l'extrémisme footballistique déniche des surfaces où il s'arroge le droit d'exprimer sa violence ? On serait même tenté de pardonner quelques-unes des transgressions faites par les «gentils» radicaux tellement les «surprenants» résultats lors de la dernière journée de championnat de division I nous ont fait honte. Pour ainsi dire, il serait injuste d'en vouloir à des miséreux, traînant des tongs, lorsque la mèche de la violence est allumée par la corruption et la combine. Réforme du football algérien, dites-vous ? Son assainissement ne peut être à l'ordre des années à venir, ni à travers quelques assises, si les décisions les plus courantes, voire les plus banales, ne sont pas prises avec fermeté. A juste tire, le lieu de n'importe quel match à hauts risques n'est pas négociable quand l'ordre est menacé. Il se joue où il est encore possible de canaliser les flux et de maîtriser les éléments les plus agressifs. En langage décodé, les hautes instances du football national doivent reprendre l'initiative et imposer les «choix» adéquats au nom de lé sécurité de tous. Puisqu'il est avéré que le prétendu professionnalisme n'a pas tenu les moindres de ses promesses. Pis, il a montré ses limites par la faute de prétentions en démesure continue. Aussi bien chez certains de nos responsables du foot que dans certaines directions de clubs. Pour qu'enfin, toutes les nuits puissent ressembler à celle que nous ont offerte les supporters de l'Entente de Sétif après un second sacre en Coupe arabe, il est temps que la «discipline pour tous» soit réinstaurée. Contre tout ce désordre à travers lequel on ne pourra plus diluer le phénomène de la violence dans de l'eau trouble. Ni le nuancer, le radicalisme s'est révélé dans un passé récent être un synonyme de violence. A. D.