Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Espaces vitaux pour l'alimentation de l'esprit en idées et son ouverture à d'autres cultures, les bibliothèques communales sont souvent désertées par le public. Elles ne sont visitées que par des élèves qui y préparent leurs examens ou exposés. Une confusion qui pourtant n'a pas alerté, comme il le faut, les pouvoirs publics à donner une autre signification plus appropriée à la lecture. «La plupart des bibliothèques enregistrent un manque en livres scolaires et parascolaires.» Un constat émis par une commission qui a sillonné les multiples librairies étatiques gratuites. Cette focalisation sur ce type d'ouvrages scolaires éclipse la lecture publique, grand pari du ministère de la Culture. Il va sans dire que même au niveau des sphères locales, notamment des élus, le choix reste à définir pour ne pas sombrer dans la mauvaise interprétation de la mission d'une bibliothèque. La wilaya de Constantine et ses localités limitrophes sont bien parties pour la création de plusieurs espaces de lecture. Les différents chantiers en cours entrant dans le cadre du développement des communes mettent en relief l'intérêt que porte la tutelle quant à la promotion de la lecture. Ce ne sont pas les mannes financières, qui font défaut. Il s'agit de revoir la stratégie globale de gestion et de présentation des ouvrages. Ce qui amène à dire qu'actuellement, et compte tenu des dernières appréciations entérinées sur le terrain, le fonctionnement d'un espace de lecture est régi par une uniformité liée à la simple formalité d'exposer des livres sur des étals sans aucun travail en amont qui incite tous les âges confondus à se doter d'un recueil, ne serait-ce que par simple plaisir ou par besoin. En cycle stéréotypé, la majorité des bibliothèques sont partisanes de formules obsolètes qui placent le créneau dans une tendance de «lecture et révision d'utilité». Si le département ministériel de l'Education entend bien doter les établissements scolaires d'une bibliothèque, cela vient confirmer l'état «peu reluisant» dans lequel se démène la lecture. Mieux encore, on entend bien la rendre obligatoire. Et c'est encore mieux pour lui donner un élan et sortir de la traditionnelle documentation… Cependant, il y a a priori un fossé entre ce que le ministère promulgue et ce que les responsables locaux retiennent en ce qui concerne le travail de fond qu'il faut apporter pour baliser le chemin aux lettres solitaires dans pas mal d'espaces. Sur un autre plan, il importera de revenir à la charge et de mettre à l'index les programmes scolaires surchargés, un frein qui ralentit considérablement la ruée vers la lecture extrascolaire, et donc générale. «Lorsque l'on gère pas moins de cinq ou six matières, comment peut-on inciter l'enfant à se munir d'un livre et le feuilleter ? Il rentre k.-o. l'après-midi. Juste le temps pour lui de faire ses propres devoirs», estime un parent d'élèves. Un autre débat à éplucher pour mieux appréhender la lecture chez les enfants scolarisés, en premier cycle notamment. Le manque de postes budgétaires pénalise les bibliothécaires En matière d'ouvrages disponibles dans les structures, la Direction de la culture a bénéficié de 158 000 livres dont la plus grande partie revient à la manifestation «l'Algérie capitale de la culture arabe». 104 000 ouvrages ont été distribués en 2010 à travers tous les points et organismes culturels réalisés. La politique d'insuffler un sang nouveau à la lecture publique se traduit par la volonté des pouvoirs publics qui mettent le livre au premier plan au cours du nouveau programme quinquennal 2010-2014. Pour cela, le ministère de la Culture, sur décision du président de la République, consacre une enveloppe financière assez importante pour inciter davantage à la lecture. Ainsi 30% du budget total alloué au secteur vont conforter cette partie de la culture livresque pour la socialiser jusqu'à la dernière résidence de telle commune ou dechra. En parallèle, il est un constat qui s'impose pour mieux matérialiser cette perspective étatique, et ce, dans le but de permettre au quinquennat de tirer pleinement profit de son développement en la matière. De prime abord, il faudra, il se retourner vers la commission de wilaya qui a épluché ce dossier en sa dernière session. Il en ressort que beaucoup reste à faire pour donner un souffle de concluant à la lecture. A commencer par un encadrement spécialisé adéquat qui devrait être issu des promotions des sciences de bibliothéconomie. Un fait observé sur le terrain, du moins à travers toutes les bibliothèques ou plutôt les salles de lecture réparties à travers la wilaya en nombre. En outre, l'on a déploré le manque de postes budgétaires. Ce qui oblige les gestionnaires à se ruer vers le filet social pour faire fonctionner ces espaces. La wilaya de Constantine renferme un nombre important de salles de lecture. Elles existent au niveau de chaque commune avec des capacités d'accueil différentes allant de 20 sièges à 160. Toutefois, tous ces espaces ne sont pas ouverts au quotidien en raison des travaux de réhabilitation et de rafistolage qui y sont engagés. La bibliothèque du centre El Khalifa en travaux depuis 2003 n'a pas encore rouvert ses portes aux férus de la lecture. Les responsables du secteur estiment qu'elle est fin prête et ce n'est qu'une question de jours pour être à nouveau fonctionnelle. Toujours dans le sillage de la promotion de la lecture, la wilaya s'apprête à réceptionner sa bibliothèque d'une capacité de 1 000 places. Les travaux sont en cours et ont atteint 78%. A cet effet, des postes budgétaires sont d'ores et déjà arrêtés. En somme, Constantine détient une aire de lecture dans chaque municipalité. De Aïn Abid à Aïn Smara ou à Didouche- Mourad. Des innovations sont plus que requises pour renverser la tendance de la lecture et la rendre permanente. En d'autres termes, que la lecture d'un jour soit détrônée par celle de toujours. Dans ce cas, le pari serait réussi…