Les bureaux de poste ne disposent pas de l'argent nécessaire pour permettre aux fonctionnaires de retirer leurs salaires. La crise de liquidités tend à s'inscrire dans la durée au grand dam de beaucoup d'Algériens, dont certains se sont vus obligés de «répertorier» une wilaya épargnée par la crise pour espérer empocher leur argent. Circonstances aggravantes, la tension risque manifestement de s'accentuer à l'approche de la fête de l'Aïd. Surtout si les responsables continuent à livrer les explications les plus surréalistes au lieu de remédier au problème. En fait, aucune des explications données par les parties concernées par la question ne convient.La crise est attribuée à l'insuffisance des approvisionnements par la Banque d'Algérie, hantée par la crainte des détournements qui se sont multipliés ces derniers mois.Faible argument pour une pénurie qui sanctionne des millions de citoyens privés de leur argent même au prix d'une longue et angoissante file d'attente dans un bureau de poste. Une supposée lutte contre le détournement d'argent ne justifie pas la réelle et pesante absence de liquidités dans les banques et bureaux de poste. Il est ainsi difficile de valider la solution selon laquelle «pour neutraliser les détournements, il ne faut pas remplir les coffres-forts».Les autorités ont la responsabilité de garantir le transfert de l'argent comme elles ont le devoir de répondre à la demande du citoyen. Ce qui est aussi intrigant, c'est cette tendance à accepter une crise qu'aucune raison financière n'explique. Les responsables du secteur ne semblent pas inquiétés par l'ampleur prise par la rareté de l'argent. A défaut d'une mesure d'urgence de nature à mettre fin à la crise, aucune communication explicative n'est venue. L'échec de la gouvernance financière du pays ne se vérifie pas seulement devant les guichets de poste d'où les porteurs de chèques sortent bredouilles. Il porte aussi la marque de ces vrais-faux billets qui circulent ici et là. La mise en circulation sur le marché d'importantes quantités de faux billets constitue un véritable crime économique. Pour y faire face, près de 2 000 scanners et des centaines de compteuses de billets seront importés par les établissements financiers, selon les déclarations d'un responsable du secteur. Nul ne peut s'aventurer à avancer la date de l'arrivée de ces appareils. Ce qui est cependant certain, pour le moment, c'est que le citoyen, qui ne peut pas retirer son salaire d'un bureau de poste, risque de se faire vraiment arnaquer dans une opération comptée en faux billets. Quand l'argent vient à manquer dans des établissements financiers, le trafic étale ces faux billets. A. Y.