Le bilan des droits humains dans la plus grande puissance du monde a été passé au crible, hier, par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. L'exercice inédit a mobilisé à Genève les critiques de tous bords bien décidés à épingler Washington. Sous une pluie de reproches portant notamment à propos du centre de détention de Guantanamo, la peine de mort ou la non-ratification de traités internationaux, la délégation américaine a reconnu ne pas être satisfaite de la situation. «Nous ne sommes pas satisfaits du statu quo et nous continuerons à améliorer nos lois», a assuré le secrétaire d'Etat adjoint américain pour les droits de l'Homme, Michael Posner. Le débat à l'ONU intervient alors que le Washington Post a révélé, jeudi, que l'ancien président américain George W. Bush avouait, dans ses mémoires, avoir personnellement donné son aval aux agents de la CIA pour soumettre le présumé cerveau des attentats du 11 septembre, Khaled Cheikh Mohammed, à la simulation de noyade. La secrétaire d'Etat adjointe américaine auprès des organisations internationales, Esther Brimmer, a déclaré que cet examen périodique universel (EPU), que passe pour la première fois son pays devant ses pairs, «représente une étape dans notre long engagement pour promouvoir les droits de l'Homme». L'EPU est une innovation majeure du Conseil, né en 2006 des cendres de la Commission des droits de l'Homme décriée pour son incapacité à faire respecter les valeurs fondamentales de l'ONU. Il permet l'examen systématique et régulier de la situation des droits de l'Homme dans chacun des 192 pays membres de l'ONU. Il faut dire que, jusqu'ici, la sélectivité était de mise, réduisant la crédibilité des rapports. Premier sur une liste de 87 orateurs, Cuba a demandé aux Etats-Unis de mettre fin à l'embargo américain contre l'île, décrit comme «un génocide» et de libérer cinq militants cubains aux Etats-Unis considérés par La Havane comme des prisonniers de guerre. L'Iran au centre d'une pression américaine continue à estimer que, «malheureusement, les Etats-Unis ont été et continuent d'être ceux qui violent le plus systématiquement les droits de l'Homme». Plusieurs pays occidentaux, dont la Grande-Bretagne et l'Australie, ont pour leur part demandé un moratoire ou l'abolition de la peine de mort. La France a «salué l'engagement pris par le président Obama de fermer le centre de détention de Guantanamo». Près de 300 organisations non gouvernementales américaines ont livré, pour l'occasion, un rapport de 400 pages détaillant «les insuffisances criantes» en matière de droits de l'Homme dans un pays comme les Etats-Unis. Les discriminations raciales dans le système judiciaire américain et le traitement des immigrés restent des sujets d'inquiétude. Les Etats-Unis, qui avaient refusé de faire partie du Conseil en 2006, ont rejoint l'organisme onusien avec l'arrivée aux affaires du président Barack Obama. Washington a rejoint officiellement le Conseil en mai 2009 en y nommant une ambassadrice. R. I.