Photo : Riad Par Moumene Belghoul La présidence ivoirienne a accusé le Sénégal de «conspiration» et rappelé son ambassadeur à Dakar. La rencontre entre le chef de l'Etat sénégalais Abdoulaye Wade et l'opposant Alassane Ouattara n'est pas passée inaperçue. Cette tension diplomatique est un nouvel épisode des relations tumultueuses entre les présidents Gbagbo et Wade. L'ambassadeur du Sénégal en Côte d'Ivoire a été convoqué au ministère des Affaires étrangères et a reçu une lettre de protestation des autorités ivoiriennes. L'audience accordée jeudi dernier à Dakar par le chef de l'Etat sénégalais à l'adversaire de Gbagbo au second tour, quelques heures après la proclamation des résultats du premier tour du 31 octobre est mal perçue par le camp Gbagbo. La rencontre a été considérée comme «une ingérence intolérable du Sénégal dans les affaires intérieures de la Côte d'Ivoire». L'ancien chef d'Etat Henri Konan Bédié, lui aussi invité par Wade, aurait refusé de s'y rendre. Ouattara est parti avec une forte délégation. «Du jamais-vu en plein second tour», clament les proches du président Gbagbo. La réaction de Dakar ne s'est pas fait attendre. Le Sénégal a déclaré «prendre acte de l'accusation très grave» portée par Abidjan. Alassane Ouattara, qui, au premier tour, a recueilli 32,1% des voix, arrive juste derrière Gbagbo (38,3%). Le président du Sénégal Wade avait essayé de jouer un rôle dans le règlement de la crise politique ivoirienne de 2002. Hier, la presse ivoirienne favorable à Laurent Gbagbo a accusé l'opposant Alassane Ouattara, son rival au second tour de la présidentielle, d'être «le candidat de l'étranger». D'un autre côté, la presse sénégalaise s'interrogeait sur l'avenir des relations entre Dakar et Abidjan. «La rupture diplomatique ?», «Frictions au sommet», «Gbagbo accuse Wade de conspiration» : la quasi-totalité des quotidiens sénégalais faisaient leur une sur le rappel de l'ambassadeur ivoirien. «Ce rappel de l'ambassadeur de Côte d'Ivoire à Dakar est une première dans l'histoire des deux pays», note l'Observateur. Le journal gouvernemental le Soleil reprend les affirmations du porte-parole du gouvernement : «Les accusations d'ingérence d'Abidjan sont non fondées.» Le second tour de la présidentielle en Côte d'Ivoire prévu le 28 novembre prochain s'annonce ardent.