Synthèse de Smaïl Boughazi Réuni à Séoul (Corée du Sud) depuis jeudi dernier, le cinquième sommet du G20 a adopté hier un plan d'action pour les pays en développement visant à renforcer leurs infrastructures, mieux assurer leur sécurité alimentaire et lutter contre l'évasion fiscale. «La prospérité, pour être durable, doit être partagée», note le document final du sommet des principaux pays riches et émergents. Le G20 veut aussi renforcer la participation du secteur privé au développement. Et les actions conduites devront être taillées sur mesure pour chaque pays, aucune recette miracle ne pouvant s'appliquer universellement. Le plan adopté par les dirigeants des principaux pays développés et émergents de la planète prévoit de faciliter l'investissement public et privé dans des projets d'infrastructures qui constituent des goulets d'étranglement pour les économies de nombreux pays en développement. Pour ce faire, un panel de haut niveau, composé d'environ douze membres, sera mis en place par le G20 afin de réunir des fonds pour ces investissements. Pour la sécurité alimentaire dans les pays les plus pauvres, les pays du G20 veulent aussi les aider à être mieux informés sur les stocks de nourriture et «assurer des interventions pour nourrir les plus vulnérables et garantir l'accès à l'aide humanitaire». Ils promettent encore d'aider les pays en développement à améliorer leurs programmes de protection sociale et leurs systèmes de taxation, notamment en combattant l'évasion fiscale. Par ailleurs, la France, qui prend le relais pour présider le groupe, a annoncé, par la voix de son Président, des priorités pour les pays membres. Il s'agit, selon Sarkozy, de la réforme du système monétaire international, de la lutte contre la volatilité des prix des matières premières et de la refonte de la gouvernance mondiale. Notons que le cinquième sommet du G20 s'est tenu sur fond de divergence et de tensions entre pays excédentaires et déficitaires sur le plan commercial, notamment entre la Chine et les Etats-Unis, avec en arrière-plan une mini-crise sur les changes. Ce sommet devra répondre aux critiques de la plupart des partenaires des Etats-Unis qui l'accusent d'égoïsme en injectant plus de 600 milliards de dollars supplémentaires dans la première économie de la planète pour affaiblir le billet vert face aux principales devises. Cette politique vise à «stimuler la croissance» aux Etats-Unis, «mais aussi à l'étranger», a essayé d'assurer jeudi dernier le président américain Barack Obama, affaibli par une récente défaite électorale. Toutefois, «il est difficile de faire ça si nous commençons à voir les importants déséquilibres économiques qui ont contribué à la crise de se développer à nouveau», a averti M. Obama, à l'issue d'une rencontre avec son homologue sud-coréen Lee Myung-Bak. Les Etats-Unis veulent, parallèlement, limiter les excédents des puissances exportatrices, Chine et Allemagne en tête. Ils ont cependant renoncé à réclamer un plafond de 4% du produit intérieur brut (PIB) pour les excédents de la balance des comptes courants, une proposition fermement rejetée par Pékin et Berlin. «Fixer politiquement des plafonds aux excédents ou aux déficits des comptes courants n'est ni économiquement justifié ni politiquement approprié», a, sur ce point, réagi la chancelière allemande, Mme Angela Merkel. La chancelière allemande a également demandé que le G20 «s'engage fermement contre le protectionnisme, que plusieurs pays redoutent dans le sillage d'une guerre des monnaies». Enfin, à souligner que les dirigeants du G20 ont endossé, hier, la réforme du Fonds monétaire international (FMI), qui double son capital et modifie la répartition des pouvoirs. Cette réforme est «une étape importante vers un FMI plus légitime, crédible et efficace», a indiqué le communiqué final publié à l'issue du sommet. Le principe d'un «doublement des quotes-parts», avait été proposé le 23 octobre, à l'issue d'une réunion à Gyeongju (Corée du Sud) par les ministres des Finances et banquiers centraux du G20. Les pays européens ont accepté de réduire de deux le nombre de leurs sièges du conseil d'administration. En outre, «plus de 6%» des droits de vote au sein du FMI vont être transférés de pays surreprésentés, principalement des pays riches et producteurs de pétrole, vers des pays émergents sous-représentés. 110 des 187 Etats membres voient ainsi leur droit de vote augmenter. Cette réforme a été adoptée le 6 novembre par le conseil d'administration du FMI.