finalement, la montagne n'a pas accouché d'une souris. Contre toute attente, les dirigeants des 20 pays les plus industrialisés se sont mis d'accord jeudi dernier sur un nombre important de mesures pouvant endiguer la crise économique qui frappe de plein fouet une grande partie des économies de la planète. Mieux, on parle même de la configuration d'un «nouvel ordre mondial». Le sommet de Londres, qui sera suivi d'un autre qui se tiendra en septembre prochain à New York, a permis la mise en place d'une feuille de route précise pour contracter la crise mais également pour s'attaquer aux origines de ce cataclysme. Les principaux résultats auxquels a abouti le G20 sont, entre autres, le renflouement des caisses du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), un nouveau mode de nomination des dirigeants de ces deux institutions financières, la mise au ban des paradis fiscaux et la réglementation des salaires et bonus et financement du commerce international, selon les agences de presse. Le G20 a décidé de tripler les ressources du Fonds monétaire international (FMI) à 750 milliards de dollars, de l'autoriser à émettre des droits de tirages spéciaux (DTS) pour 250 milliards de dollars et de vendre de l'or, le tout représentant un total de 1 100 milliards de dollars. Le FMI pourra également vendre une certaine quantité d'or pour aider les pays les plus pauvres touchés par la crise. Autre nouveauté de taille, les dirigeants du FMI et de la Banque mondiale seront désormais nommés au mérite, mettant fin à l'accord implicite qui réservait le FMI aux Européens et la Banque mondiale aux Américains. Le G20, par ailleurs va consacrer 250 milliards de dollars pour soutenir le commerce international, Les banques multilatérales de développement, comme la Banque asiatique de développement et la Banque africaine de développement, recevront 100 milliards de dollars de financement supplémentaires, selon le communiqué final. Les participants ont décidé de publier immédiatement une liste des paradis fiscaux et ce, pour décourager l'évasion fiscale. «L'ère du secret bancaire est révolue», a assuré le communiqué. Ainsi, le G20 a établi hier deux listes, une noire où figurent quatre pays (Costa Rica, Malaisie, Philippines et Uruguay) et une grise où figurent 38 Etats. Pour mettre fin aux scandales financiers provoqués par les «parachutes dorées» et les bonus servis aux dirigeants et traders d'entreprises défaillantes et aidées par leur Etat, les pays du G20 se sont mis d'accord pour mettre en œuvre de «nouvelles règles» sur les salaires et les bonus au niveau mondial, et obliger les entreprises à faire preuve de «responsabilité sociale». L'ensemble des mesures prises par le G20 devrait permettre d'injecter 5 000 milliards de dollars dans l'économie mondiale d'ici à la fin 2010, selon M. Brown. Quelques heures seulement après l'annonce de ces mesures, le président américain Barack Obama a estimé que ces réformes sans précédent constituent un «tournant» pour l'économie mondiale en crise, prévenant cependant qu'elles ne garantissaient pas un retour rapide à la croissance. Pour Obama, c'est un sommet «très productif», marqué par un «ensemble sans précédent d'actions coordonnées» pour mieux réguler l'économie internationale.De son côté, M. Brown a considéré que ce sommet marquait la naissance d'un «nouvel ordre mondial» émergeant de la crise économique. Le communiqué final était également dans la même logique. «Nous partons du principe que la prospérité est indivisible, que la croissance pour être durable doit être partagée […]. Nous pensons que la seule fondation sûre d'une mondialisation soutenable et de l'augmentation de la prospérité pour tous est une économie ouverte fondée sur le principes de marché, une régulation efficace et des institutions mondiales solides», a souligné le document. Globalement, la plupart des dirigeants se sont montrés très satisfaits de l'issue des débats. Néanmoins, la presse ne partage pas le même avis et particulièrement la presse américaine qui a critiqué vertement les mesures prises, selon les agences. Cette dernière a, dans son édition d'hier, «regretté» l'absence d'engagement des dirigeants du G20 en faveur de nouvelles mesures de relance économique lors de leur sommet tenu jeudi à Londres.«Ils ont failli à un moment où l'économie mondiale est en train d'imploser», estime le New York Times. «La relance les a laissés de marbre au sommet du G20», écrit de son côté le quotidien Los Angeles Times. Soulignons enfin que l'Afrique qui a participé timidement au sommet a souhaité mieux faire entendre sa voix dans les instances financières internationales et y être davantage représentée en demandant «un directeur exécutif» pour chacune des cinq régions d'Afrique représentées aux conseils de la BM et du FMI. S. B.