Le beau temps qui marque le ciel de la capitale ces dernières semaines inspire les responsables occidentaux. En l'espace de trois jours, Alger a accueilli deux visiteurs de marque. Un Américain et un Britannique venus s'allier à la proposition algérienne demandant à condamner le paiement de la rançon. Ils sont venus également, et surtout, pour rappeler une évidence : la lutte contre le terrorisme au Sahel relève de la responsabilité des pays de la région.Tout a donc commencé mercredi dernier. En visite à Alger, le principal adjoint de l'assistant du secrétaire à la Défense, chargé des Affaires de sécurité internationale aux Etats-Unis d'Amérique, M. Joseph McMillan, a dit ce que d'autres responsables américains n'ont jamais avoué publiquement : les Etats-Unis s'allient désormais à la quête de l'Algérie de criminaliser le paiement de la rançon pour les groupes terroristes. Pour McMillan, le paiement de rançon est une «initiative contre-productive» servant à «financer les groupes terroristes». La même thèse est soutenue, le lendemain, par Alistair Burt, secrétaire d'Etat britannique chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. L'homme a plaidé pour une lutte sans merci contre le terrorisme. Et en cela, il voit en l'Algérie un «partenaire-clé». Les deux pays ont d'ailleurs créé un «comité bilatéral de lutte contre le terrorisme». Une preuve supplémentaire de l'engagement de la Grande-Bretagne dans ce domaine. Fini, donc, le temps des «Londonistans». L'époque où les terroristes se pavanaient dans la capitale britannique sans grand problème.L'autre convergence de vues entre les deux responsables occidentaux est liée à la sécurité dans le Sahel. McMillan a affirmé que les Etats-Unis ont «beaucoup apprécié» l'initiative «très importante» du gouvernement algérien de réunir les pays du Sahel pour lutter contre le terrorisme. «L'utilisation de la force par des puissances étrangères doit intervenir en dernier recours», a encore précisé le responsable américain.Le ministre britannique n'en pense pas moins. «Les pays occidentaux […] ne peuvent intervenir qu'en dernier ressort et à la demande des Etats concernés», a relevé Alistair Burt. Selon lui, la lutte antiterroriste est une question «qui doit être, d'abord, réglée par les pays de la région eux-mêmes», car leurs populations «sont les premières à être ciblées par les terroristes». La convergence des Américains et Britanniques avec les positions algériennes ne s'arrête cependant pas à ces deux questions. Dans la lutte contre le terrorisme, les violons sont désormais accordés entre les trois pays. Finis les rengaines du «Qui-tue-qui ?» et les doutes sur les positions d'Alger. Mieux, les deux capitales offrent d'autres possibilités de coopération dans le domaine militaire. En plus des exercices communs devenus réguliers, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne posent plus de problèmes pour vendre des armes à l'Algérie. Et c'est une première. Londres et Washington viennent donc de jouer sur les plates-bandes de Paris. La France reste désormais le grand absent sur le terrain sécuritaire dans le Sahel. En choisissant d'autres interlocuteurs que l'Algérie, Paris risque de traîner la patte. A moins que… A. B.