Prétendre que les débordements autour du football algérien sont un phénomène nouveau consisterait simplement à se voiler la face, ou à tomber dans l'amnésie. On n'oubliera pas ce fameux derby entre le CSC et le MOC où un jeune supporteur de 19 ans a été froidement égorgé juste à la fin du match, vendredi dernier aux alentours du stade Hamlaoui de Constantine, ni le derby des Hauts Plateaux entre le MCEE et l'ES Sétif il y a quelques semaines, théâtre de graves scènes de violence hier juste à la fin du match. De violents accrochages entre les supporters eulmis et les agents de l'ordre à la sortie du stade ont fait plusieurs blessés dans les deux camps. Dans leur colère, certains supporters eulmis ont mis le feu à des véhicules et créé un climat de panique dans les quartiers limitrophes du stade Messaoud Zeghar, ou encore ASO-MCO et CABBA-CRB ce week-end. Il arrive que des cohortes sauvages perdent le sens de la citoyenneté - parce que personne ne le leur a inculqué - et prétextent n'importe quoi sur le terrain pour saccager le stade, les biens d'autrui, les équipements publics… Et pourtant, on a bien vu que ceux qui avaient comparu devant la justice après les débordements consécutifs aux matchs étaient presque tous des élèves du secondaire et des étudiants. Que leur a-t-on appris à l'école ? Que leur ont appris leurs parents ? A quelle «culture de la haine» se sont-ils abreuvés ? Ce qui donne à réfléchir, c'est que, loin de s'estomper, «le phénomène» gagne en intensité ces dernières années. La violence dans les stades a pris, ces dernières semaines, une ampleur telle qu'il devient plus qu'urgent de s'y pencher sérieusement. Lors du match entre les supporters de l'ASO et ceux du MCO, on croyait que le différend entre les deux galeries avait été définitivement réglé et que les deux voisins étaient revenus à de meilleurs sentiments. Après les deux matchs de la saison passée, voilà qu'un groupe d'individus vient de raviver la flamme de la haine. Selon les personnes présentes sur les lieux, à leur sortie du stade Boumezrag de Chlef, les Oranais rassurés quant aux conditions dans lesquelles s'est déroulée la partie ASO-MCO, seront pris dans un feu de projectiles. Le bus qui ramenait les joueurs à Oran a été la cible privilégiée de ces projectiles qui ont fait des dégâts comptés par les dirigeants du MCO. Les vitres du bus qui transportait les Mouloudéens ont volé en éclats, occasionnant des blessures graves aux défenseurs Benaoumeur et Bengoreine. Les autres victimes sont Berradja, Bentiba et Bellaïli qui ont été légèrement touchés. Le match entre le CABBA et le CRB, lui, a été émaillé d'incidents graves suite à un accrochage entre les supporters des deux clubs à la pause, ce qui a provoqué un envahissement du terrain et un retard de 30 minutes. Pouvait-on imaginer un seul instant qu'un public, historiquement pacifiste, enfantât des éléments basculant dans une folie furieuse ? Si nous devions-nous accommoder de l'idée que le football est, désormais, «l'unique arène d'expression de la contestation», nous ferions le jeu de ces maximalistes qui ramènent systématiquement tout à un certain contexte social. C. C.