De notre correspondant à Constantine A. Lemili Profession de foi on ne peut plus inquiétante de M. Boubakeur Z., directeur de l'OPOW Constantine, dont le complexe de football du 17 Juin présente de nouveau un aspect radieux suite à la pose de près de 2 600 nouveaux sièges, plus du dixième de la capacité de l'infrastructure sportive complètement dévastée au lendemain de la deuxième manche du derby local (MOC-CSC). Propos, au demeurant, graves dans la mesure où c'est pratiquement l'allégorie parfaite de l'agneau qui à l'autel se dirige… résigné. Autrement dit, les pouvoirs publics savent d'ores et déjà qu'il y aura de la «casse» lors du derby sauf que les responsables ne savent pas quelle en sera la dimension. La dernière en date a avoisiné les 800 millions de centimes, dont 513 pour le renouvellement des sièges, leur réinstallation n'ayant pas été autrement plus coûteuse dans la mesure où, la réception définitive n'ayant pas été faite, l'administration a pu récupérer auprès de l'entreprise prestataire, au prix coûtant, leur remplacement. La différence de l'investissement consacré à la réhabilitation a permis de reprendre une partie du reste des équipements de l'OPOW sur lesquels «les supporteurs du CSC sont passés, dévastateurs comme des nuées de criquets migrateurs», soulignera notre interlocuteur. En fait, les actes de vandalisme ont atteint un seuil incroyable, sachant que même une conduite d'évacuation d'eau de 150 mètres a été déterrée et détériorée. Il en a été de même pour les portes d'accès des vestiaires et autres équipements enjolivant des lieux. Au lendemain de la rencontre, la direction de l'administration du stade a d'autorité saisi la quote-part financière de la recette revenant au club hôte de la rencontre, en l'occurrence le MOC, alors qu'il avait été clairement établi, rapport des services d'ordre faisant foi, que ce sont les supporteurs de l'équipe défaite qui étaient à l'origine des déprédations. Une telle situation était d'ailleurs dans l'air du temps, sachant que les membres du staff mociste avaient, par anticipation, saisi et les autorités locales et la Fédération algérienne de football sur une telle issue à la rencontre, confirmant leurs inquiétudes par un P-V de constat des lieux établi par huissier de justice et photographies à l'appui. Toutes les précautions prises dans l'organisation n'ont finalement pas servi même si l'administration mouloudéenne avait également pris la mesure de séparer par un net procédé les deux galeries, cédant la partie gradins aux supporteurs du CSC en raison de leur nombre important et les tribunes pour les mocistes au titre, sur le plan arithmétique, de l'inverse. En tout état de cause pour la reprise de la compétition, nous saurons que la direction de l'OPOW «sera seule gestionnaire de l'organisation, de la vente des billets à la fermeture des portes à la fin de la rencontre en passant par celle [gestion] des voies d'accès aux gradins et tribunes», précisera Boubakeur Z. qui garde l'espoir de «voir des supporteurs plus respectueux des installations et de l'effort fourni par les pouvoirs publics de leur recréer les conditions idoines pour assister à une rencontre de football». Le directeur du stade misant sur… la maturité des supporteurs et leur capacité de discernement sur le fait que «ce ne sont pas les équipes qui gèrent le stade comme d'habitude dans le cadre d'une concession ponctuelle mais la direction de l'OPOW». Boubakeur Z. considérant que, s'il y a des actes de vandalisme de la part des supporteurs, c'est uniquement dans le but de pénaliser «leur équipe qui n'aura pas gagné» sinon «se venger de l'adversaire surtout si c'est son club qui reçoit», partant du principe que c'est le club hôte qui est responsable de l'état des lieux avant, pendant et… après» (sic). Il n'est pas évident que les supporteurs du CSC attendent jusqu'au derby pour passer à l'acte dans la mesure où, même lors des rencontres sans enjeu, des énergumènes prennent plaisir à «casser» du siège, notamment le dossier, rien que pour le plaisir de le faire. Il faut là également signaler la grande, très grande passivité des éléments du service d'ordre qui ne réagissent pas même lorsqu'ils assistent à de tels actes. Mais il s'agirait, semble-t-il, selon ce qui se dit ici et là, d'instructions de la hiérarchie en vertu desquelles il n'y aurait pas lieu de «taquiner l'ogre clubiste» pour éviter un surdimensionnement des événements s'ils venaient à sortir de leur contexte sportif. Concluons enfin sur le fait que «les dépenses auraient été prise en charge d'une manière discrétionnaire par le wali de Constantine». En réalité, quelques jours après la rencontre et suite aux doléances de l'administration du MOC, le wali s'était engagé à trouver une solution qui agréerait à toutes les parties. Elle a consisté dans la réalité à faire… cracher dans le bassinet… certaines entreprises privées. Une sorte de «touiza» qui ne dit pas son nom. L'Etat n'ayant aucun moyen orthodoxe de justifier une telle dépense.