De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Malgré plusieurs jours de tractations et de jeux de coulisses poussés, les élus de l'assemblée locale d'Oran n'ont pas réussi à trancher définitivement sur le sort du maire de la ville d'Oran. La motion de défiance à l'égard du maire de la ville votée par 23 élus sur un ensemble de 33 élus composant l'Assemblée populaire communale d'Oran n'a pas réussi à délivrer l'assemblée communale d'Oran de sa léthargie pérenne. Les causes ayant motivé cette décision des membres de l'assemblée sont diverses et multiples. Mais la plus vraisemblable semble avoir été la situation de blocage à laquelle a abouti l'assemblée depuis l'installation du nouveau wali. En effet, la dynamique nouvelle qu'entend instaurer Abdelmalek Boudiaf a dérangé plus d'un au sein de l'arène des responsables locaux. Cela à commencer par le maire dont les accrocs avec le wali n'ont pas manqué d'envenimer les relations entre les deux responsables. Pourtant, Ben Kada Sadek, connu pour son franc-parler, son niveau d'instruction, sa culture et son intégrité, n'a pas été en mesure de créer le déclic pour lequel il avait été désigné. Loin de s'arranger, la situation de la ville s'est grandement dégradée sur tous les plans sous son règne. Il est vrai que Benkada a hérité d'une situation désastreuse et assez délicate sur tous les plans, mais l'acceptation de cette responsabilité impliquait d'en assumer toutes les retombées et toutes les conséquences. Comme c'est le cas du chaos urbain dans lequel baigne la ville actuellement. Le maire de la ville, connu pour son intégrité a surtout fait face aux rentiers tapis au sein de la commune qui ont la main mise sur les marchés publics, l'urbanisme, l'éclairage public, la voirie, etc… Une attitude qui a eu pour effet de créer un blocage dans la gestion locale. C'est le cas également pour les logements communaux que le maire de la ville a volontairement soumis au «contrôle et suivi» d'une commission communale. Les derniers événements et les scandales, qui ont vu l'implication de certains élus locaux et autres fonctionnaires communaux corroborent cette version des faits. Au fil du temps, certains directeurs de divisions sont devenus des milliardaires en l'espace de quelques années seulement. C'est le cas de ce directeur de division souvent cité dans la détérioration du cadre de vie de la cité qui vient de s'offrir une villa de plus de 3,5 milliards de centimes dans un quartier résidentiel à El Makari et une voiture Renault Scénic de grand luxe, alors que son salaire mensuel ne dépasse guère les 20 000 DA. Il est vrai que la situation de pourrissement et de laisser-aller ne date pas d'hier. Seulement, le laxisme et le laisser-aller qui ont caractérisé le passage de l'ancien wali ont produit des effets pervers au sein de la cité. Cela à telle enseigne que les responsables et autres élus locaux n'en faisaient qu'à leur tête et selon leurs propres intérêts. La crise au sein de l'APC d'Oran intervient à point nommé pour relancer la ville et remettre sur les rails ses chantiers altérés et retardés. Espérons seulement que les choix seront judicieux, car il y va de la crédibilité du nouveau wali et de ses ambitions annoncées pour la capitale de l'Ouest. Cela est d'autant plus inquiétant que des élus, anciens agents communaux qui ne doivent leur ascension qu'à leur réseau de connaissances partisanes, qui n'ont aucun bagage ni compétences se retrouvent candidats potentiels au poste de maire de la ville. Attention, il y a grave dérive en la demeure.