Synthèse de Badiaa Amarni Les travaux de la 17e réunion de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) se déroulent à huis clos, depuis mercredi à Paris. Ses quarante-huit membres disposent de dix jours pour trouver un terrain d'entente entre l'indispensable reconstitution des stocks de ce grand prédateur et migrateur marin et les intérêts des professionnels, armateurs et propriétaires de fermes d'engraissement qui opèrent essentiellement en Méditerranée. Cette rencontre sur la pêche au thon rouge, un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre ces derniers temps, regroupe pas moins d'une cinquantaine de pays qui négocient les quotas à pêcher. Les vingt-sept Etats européens «très divisés sur la question de la sauvegarde de ce poisson très lucratif, mais trop longtemps sur-pêché», se sont mis d'accord pour défendre l'idée d'un quota stable ou légèrement réduit situé «entre son niveau actuel de 13 500 tonnes et environ 11 500 tonnes». Consciente de la situation précaire des stocks de thon rouge et de la nécessité d'une gestion durable, «l'Union européenne a trouvé un compromis qui lui assure une position ambitieuse et donne aux négociateurs assez de marge de manœuvre pour prendre en compte les dynamiques sur place», a estimé la présidence belge de l'UE dans un communiqué rendu public. Sans parler explicitement de «réduction ou de maintien» du quota actuel, le mandat de négociation adopté propose de suivre strictement l'avis des scientifiques pour parvenir, d'ici 2022, à un niveau de rendement maximal durable pour les stocks de thon rouge, «avec une probabilité située entre 60% et 77%», selon un diplomate. La commissaire à la pêche Maria Damanaki était engagée, depuis plusieurs semaines, dans un bras de fer avec les Etats concernés par la pêche au thon comme la France, l'Italie, l'Espagne et Malte, partisans d'un quota stable. Mme Damanaki plaidait pour une «réduction substantielle» du quota et avait avancé, à titre d'exemple, 6 000 tonnes. Pour contrer l'avis de la Commission européenne, les vingt-sept ont dû s'entendre à l'unanimité. Mme Damanaki a reconnu, mercredi soir, que la décision des vingt-sept n'était «pas fondée sur la proposition de la Commission». Néanmoins, la Commission «respectera ses obligations en tant que négociateur au nom de l'UE», a-t-elle précisé. Le Japon, qui s'est félicité des mesures prises, a suggéré d'«inverser la logique au sein de la CICTA et de mettre l'accent sur la prévention des fraudes plutôt que sur les contrôles après coup». Ce pays a réclamé, hier, par le biais de son représentant, des contrôles plus sévères pour enrayer la pêche illégale et le marché noir. «Avant que la pêche ne commence, chaque pays devrait apporter la preuve de sa capacité à respecter les règles et présenter un plan spécifique en ce sens pour la saison de pêche 2011», a suggéré M. Masanori Miyahara, chef de la délégation japonaise.«Si les plans présentés s'avéraient insuffisants et n'étaient pas approuvés par le comité de contrôle de la CICTA, alors le pays en question ne devrait pas pouvoir pêcher en 2011», a-t-il encore ajouté. La CICTA doit fixer, d'ici le 27 novembre, les quotas de pêche du thon rouge pour 2011. Les stocks ont chuté de 85% en trente ans à cause d'une sur-pêche massive, avant de se rétablir un peu récemment avec en particulier l'adoption de plusieurs mesures de contrôle de cette pêche essentiellement industrielle.