La réunion extraordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés et l'Atlantique CICTA /ICCAT sur la gestion du thon rouge s'est clôturée dimanche à Dubrovnik en Croatie. Après de longues et difficiles négociations, un accord est intervenu au sein de la CICTA . Cet accord se conclut alors que des avis scientifiques avaient alerté la Communauté internationale sur les menaces pesant sur la conservation de cette espèce. L'enjeu essentiel de cette 15e réunion extraordinaire de l'ICCAT consiste en le renouvellement des programmes pluriannuels d'allocation de quotas de pêche aux pays membres en recommandant un plan de rétablissement assorti de mesures de conservation et de gestion renforcées. C'est, d'ailleurs, en marge de la réunion de 2005 à Séville, en Espagne que les pays méditerranéens ont convenu une stratégie de négociation, de coordination et de positionnement en préparation au déroulement de la réunion de 2006. Il a été, donc, convenu de réduire les quotas officiels de pêche et d'encadrer les périodes de pêche et la hausse de la taille minimale de capture pour lutter contre la pêche illicite. C'est, d'ailleurs, dans ce cadre là que l'Algérie, le Maroc, la Libye , la Turquie, la Croatie et la CE ont convenu d'une démarche de coordination renforcée par le soutien des professionnels de la région représentés par Medisamak. Les étapes de cette démarche ont consisté à tenir des rencontres en vue de se concerter à la lumière des conclusions et des recommandations des organes scientifiques de la Commission. Ce qui a abouti au rapprochement et à la coordination des positions des délégations méditerranéennes en vue de relever les défis communs de la 15e réunion extraordinaire de la Commission, notamment à travers des propositions de mesures de conservation et de gestion du stock de thon rouge de l'Atlantique Est, de la Méditerranée. C'est d'ailleurs dans ce cadre que sur les trente thoniers senneurs prévus par le Plan national de développement de la pêche et de l'Aquaculture (PNDPA), cinq ont été acquis par des opérateurs privés algériens dont trois ont déjà été notifiés en mai 2006, à l'ICCAT au titre de la liste blanche ( navires de plus de 24 mètres autorisés à pêcher les thonidés et les espadons dans la zone de convention ). Des expéditions de thons rouges et d'espadons sous le label algérien ont pu, ainsi, être réalisées. Cependant, certains pays ont émis de fortes réserves après l'adoption de l'accord de Dubrovnik . C'est le cas , à titre d'exemple de la France. Cette dernière avait annoncé qu'elle demandait à la Commission européenne, qui défendait les intérêts communautaires, de renforcer les mesures de lutte contre la pêche illégale, et d'adopter des mesures de gestion conformes aux impératifs de conservation du stock et conciliables avec les capacités d'adaptation de la flotte française. Or, dans ces conditions, estime le ministère français de l'Agriculture, les mesures de réduction des quotas officiels de pêche, d'encadrement des périodes de pêche et de hausse de la taille minimale de capture, vont toucher très durement la flotte pêchant légalement sans avoir d'impact réel sur la pêche illégale.Hormis la France, il faut dire que les décisions rendues à Bruxelles n'ont pas provoqué de tollé bien qu'elles réduisent à nouveau les marges de manœuvre des professionnels. Soulignons au passage que les experts de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique ont eu à travailleur sous une grosse pression de Greenpeace et du WWF qui aimeraient obtenir un "moratoire" pour éviter une "extinction totale de l'espèce", que les consommateurs avalent massivement sous forme de sushis. Quoi qu'il en soit , le schéma de contrôle et d'inspection qui seront mis en place conformément aux recommandations de l'ICCAT permettront de réduire un tant soit peu l'intensité de la pêche illicite. Il faut savoir, en effet, que le vrai problème du thon rouge est la pêche illégale . Ce sont presque 15 000 tonnes annuelles de thon rouge qui sont pêchées illicitement. C'est énorme comme chiffre et il faudra avouer, effectivement, que le défi est de renforcer les moyens pour lutter efficacement contre la pêche illégale.