Photo : Riad Par Amirouche Yazid La participation algérienne aux jeux Paralympiques de Pékin, au-delà du fait qu'elle est honorable, n'a pas été à la mesure des objectifs tracés avant le début de la compétition. Partie, en effet, pour améliorer les résultats obtenus lors de la précédente édition et rester sur une courbe ascendante, la délégation algérienne s'est contentée d'un parcours en deçà des aspirations. C'était mal parti dès la disqualification des quatre athlètes, qui étaient théoriquement «médaillables». L'Algérie venait à ce moment-là de perdre de potentiels candidats au podium. Sur cette décision, surprenante, est venue se greffer, en pleine compétition, l'étonnante méforme d'Allek Mohamed, qui a l'habitude de remporter plusieurs médailles. Pour cette édition, il a été confronté à plus fort que lui, comme il l'a reconnu lui-même dès ses premières courses. C'est ainsi que la délégation algérienne présente à Pékin attendait des résultats de la part d'autres athlètes durant la dernière journée de la compétition. Celle-ci a vu, en effet, l'amélioration de l'Algérie, grâce à deux médailles (une en argent et une en bronze) lors de la 10e journée. Avec ces nouvelles distinctions, l'Algérie a porté sa moisson à 15 médailles, dont quatre en or et trois en argent. L'athlète Sofiane Hamdi, chez les T37, s'est classé second dans l'épreuve du 200 m, avec un temps de 24.10, remportée par le Sud Africain, Fanie Van der Merwe, qui a réalisé un nouveau record du monde en 23.84. La 3e place est revenue au Chinois Ma Yuxi avec un temps de 24.48. La médaille de bronze algérienne de la dernière journée a été remportée par Nadia Medjemedj au lancer du disque (F57/58), avec un jet de 28,74 m/1 090 pts ; la médaille d'or est revenue à la Nigériane Eucharia Njideka Iyiazi avec un jet de 35,21 m/1 120 pts, au moment où la Bulgare, Stela Eneva, s'est adjugée la médaille d'argent en 34,58 m/1 100 pts. Au baisser de rideau de l'événement le plus attendu par les athlètes du handisport, il s'est avéré que l'ascension de la discipline, côté algérien, observera une halte sur les pentes de Pékin où la concurrence a été manifestement plus rude. Nos athlètes se sont retrouvés dans de telles situations pour au moins deux raisons. La première a trait au «vieillissement» des sportifs ayant la responsabilité de représenter les couleurs nationales dans un regroupement de grande envergure. Nous évoquons ici la question de l'âge, parce que les athlètes de la sélection nationale ne peuvent plus être compétitifs très longtemps. En effet, ils ne disposent pas de toutes leurs facultés physiques. Certains d'entre eux ont vu leur handicap s'aggraver. Ce qui rend leur mission délicate. Les coéquipiers d'Allek ont connu ces difficultés à l'occasion du rendez-vous de Pékin. Il s'agit, en vérité, de la prise en charge de cette catégorie d'athlètes bien avant l'approche des compétitions, à tous les niveaux, aussi bien du point de vue santé que de celui de la préparation purement technique. Côté discours Les autorités ont été au rendez-vous à l'arrivée de la délégation algérienne. Les athlètes ont été accueillis par deux ministres de la République, El Hachemi Djiar du Sport et Djamel Ould Abbes de la Solidarité nationale. Le premier a estimé que «le bon encadrement technique handisport a contribué à l'obtention de ces résultats très appréciables». Il a exprimé, par ailleurs, le souci de son département de promouvoir le sport au profit de toutes les catégories afin que l'Algérie puisse reconquérir sa place, tout en relevant la nécessité de mobiliser les différentes énergies dans ce domaine. Djiar s'est félicité du niveau des sportifs handicapés, lesquels «ont fait preuve, lors de ces Jeux, de capacités et de compétences remarquables». Pour le ministre de la Solidarité, «ces résultats sont le fruit d'efforts déployés depuis plusieurs années par les pouvoirs publics au profit de cette catégorie de sportifs aux besoins spécifiques, et ce, par le biais de leur insertion sociale et leur dotation en moyens». La teneur du discours officiel arrive, néanmoins, mal à convaincre celui qui l'entend, du fait que les athlètes ne cessent de réclamer des moyens de travail meilleurs et une vraie prise en charge de la part des pouvoirs publics. Ces derniers, en vérité, ne se souviennent d'eux que le jour de la retransmission de la finale. A ce moment, officiels et responsables de la fédération courent derrière les caméras de la télévision et les journaux pour déclarer que «ces jeunes ont honoré les couleurs nationales grâce aux aides de l'Etat». Que nenni ! L'Algérie réelle sait parfaitement que les rares athlètes qui réussissent encore dans les grandes manifestations doivent leurs performances à leurs sacrifices, leur abnégation et à leur travail sans relâche. On se rappelle le cri de détresse lancé il y a deux ans par la judokate Soraya Haddad, laquelle ne voyait pas de perspectives pour sa discipline. Heureusement que son cri a eu l'écho escompté auprès de certains officiels. Deux ans plus tard, la judokate a offert à l'Algérie une méritoire médaille de bronze aux jeux Olympiques de Pékin du mois d'août dernier. C'est dire que le discours que tiennent nos dirigeants ne sert absolument à rien. Sauf à occulter des vérités que tout le monde connaît. Car, en se rapprochant des athlètes, on est amenés à comprendre ce que font les autorités pour eux. Pour le présent cas des sportifs handisports, l'opinion sportive s'accorde à dire que la Fédération algérienne de handisport fait de son mieux pour que les conditions dans lesquelles évoluent les athlètes changent dans le bon sens. Un objectif difficile à concrétiser si, en face, l'aide de l'Etat ne parvient aux athlètes qu'après l'obtention de résultats positifs. Chacun fait ainsi le bilan qu'il jugera utile, et interprétera les résultats à sa manière. Dans l'entourage de la sélection, on préfère plutôt parler de la volonté des athlètes à faire honneur au pays. On fait ainsi état des mauvaises conditions climatiques ayant sévi dans la capitale chinoise pendant les onze jours de la compétition, qui se sont certainement répercutées sur la forme et la production de nos sportifs. Cette participation montre l'émergence de nouveaux athlètes qui peuvent réussir à l'avenir. C'est à ce niveau, justement, que les pouvoirs publics doivent jouer pleinement leur rôle en mettant ces talents en herbe dans de meilleures conditions possibles pour qu'ils puissent se perfectionner. La diversion ne cache pas les échecs…