Adopté lundi dernier par le gouvernement, le décret portant création de l'agence nationale des secteurs sauvegardés a été le sujet central abordé par le directeur de l'Office national d'exploitation et de gestion des biens culturels protégés (OGEBC), Zekagh Abdelouahab, sur les ondes de la Chaîne III. Cette structure aura pour mission principale la protection des secteurs sauvegardés. Elle devra ainsi gérer et coordonner toutes les opérations de restauration/aménagement que les différents intervenants mèneront dans ces secteurs. «Cette agence, on l'attend depuis très longtemps, depuis la loi sur le patrimoine de 2003 et ses textes exécutifs ; il fallait absolument mettre en place un établissement qui gère ces lieux», dira M. Zekagh, tout en insistant sur «la nécessité d'adopter un plan permanent de sauvegarde avec des annexes à travers les wilayas d'Algérie pour éviter les constructions illicites et l'utilisation des matériaux déconseillés». Parmi les secteurs sauvegardés qui sont au nombre de onze, la Casbah d'Alger est, selon M. Zekagh, le premier à avoir vu son plan de sauvegarde finalisé. «La Casbah agonise. Nous sommes intervenus sur plus de 394 maisons. Les ruines sont là et parlent d'elles-mêmes et les gens sont là également. Nos travaux ont débuté le 1er janvier 2007 et se sont achevés il y a quelques mois. Le plan de sauvegarde de la Casbah porte sur trois phases, dont la première relève de l'urgence d'entamer la phase de l'avant-projet. Nous avons constitué une équipe de 25 cadres chargés de faire une “radiographie” générale de la Casbah pour sauver les 400 maisons. Nous allons par la suite essayer de reconstituer l'aspect authentique de cette vieille cité», dira-t-il. Après un petit récapitulatif sur le chantier de restauration de la mosquée Ketchaoua, le directeur de l'OGEBC dira que le gouvernement a montré sa volonté de prendre en charge le patrimoine en accordant les moyens financiers nécessaires. «Hélas nous souffrons du manque de spécialistes», ajoutera-t-il. «Notre pays a formé des architectes spécialisés, mais ils sont peu nombreux.» De plus, certains d'entre eux ont préféré partir parce qu'ils n'ont pas trouvé ce qu'ils cherchaient ici, déplora-t-il en précisant qu'ils ne sont maintenant qu'une cinquantaine et que c'est insuffisant pour encadrer tous les projets de restauration. Ce manque a d'ailleurs coûté cher à certains sites, dont la restauration a été un véritable massacre. Les tombeaux de Massinissa et d'Imedghassen, défigurés par des travaux effectués par des non-professionnels, sont des exemples tangibles de ces. Ainsi, le responsable insistera sur la nécessité de former des spécialistes pour pouvoir prendre en charge les nombreux sites classés patrimoine mondial dans plusieurs régions du pays, et qui sont aujourd'hui abandonnés. W. S.