Photo : APS Par Faouzia Ababsa «[…] Malgré les souffrances terribles subies dans le monde entier, partout se dresse la résistance des peuples, de la jeunesse et des travailleurs qui cherchent à ressaisir leurs organisations pour lutter, résister, reconquérir […].» C'est le constat auquel sont arrivés les participants à la 8ème Conférence mondiale ouverte contre la guerre et l'exploitation (CMO) réunis depuis samedi dernier à la Mutuelle des travailleurs des matériaux de construction à Zéralda. Ce constat est contenu dans la déclaration finale sanctionnant les travaux de la CMO. Document dans lequel les militants ouvriers, syndicalistes et politiques, délégués de 52 pays représentants différents continents, concluent que seule l'union des travailleurs et des peuples du monde «peut empêcher que l'humanité ne soit entraînée dans une catastrophe, à l'image de celle qui frappe d'ores et déjà les peuples en Haïti, en Afghanistan». Les participants à la conférence ont également réitéré leur opposition à la guerre «qui entraîne pour les peuples et les travailleurs du monde entier des souffrances intolérables et impose dans tous les pays – dans ceux qui subissent des interventions militaires étrangères comme dans ceux qui l'organisent – la destruction de pans entiers de l'industrie, le chômage généralisé, les mesures de déréglementation, la destruction de l'enseignement, de la culture, la désertification des campagnes et les exodes sans fin […]». Les membres de l'Entente internationale des travailleurs et des peuples ont souligné avec force leur rejet des diktats lancés par les «sommets» du G20, du G8, du FMI et de l'UE qui «prétendent combattre les conséquences de la crise en en faisant payer le prix toujours plus lourd et dévastateur aux travailleurs et à la jeunesse, à leurs conquêtes, à leurs droits et garanties». Abordant la question de l'indépendance syndicale, les participants déclarent rejeter le diktat «lancé aux organisations ouvrières sommées au nom du prétendu intérêt général d'accepter les règles d'une gouvernance mondiale et d'un prétendu dialogue social dont la seule fonction est de subordonner, d'intégrer les organisations des travailleurs aux plans des gouvernements et des institutions internationales, remettant en cause la souveraineté nationale. A l'accepter, elles se subordonneraient à ce diktat et s'interdiraient de jouer leur rôle de défense des intérêts des travailleurs et des peuples […]».Il faut souligner que cette conférence a été marquée par des débats où la franchise entre militants politiques et syndicaux était de mise. Nous avons, en effet, eu à écouter des positions totalement contradictoires exprimées par des intervenants du même pays et sur les mêmes questions, cela sans violence verbale ou agression. C'était le cas pour les syndicalistes irakiens. Dimanche dernier, la secrétaire général du syndicat de l'électricité a quasiment fait l'apologie de l'occupation américaine, lui trouvant même des vertus. Une position qui n'a pas plu au représentant du syndicat américain, lequel a tenu à protester contre cette position, lui qui a mené des campagnes entières aux Etats-Unis contre la guerre en Irak et partout où l'administration américaine a envoyé ses troupes, exigeant leur retrait immédiat. Hier, au dernier jour des travaux, c'est le président irakien des syndicats du pétrole qui donnera la réplique : «L'un des objectifs de l'occupation américaine, c'est le pétrole. Rappelez-vous les déclarations d'Henry Kissenger en 1975 lorsqu'il a dit que les Etats-Unis devaient occuper tous les puits de pétrole. L'autre but de l'occupation, c'est de protéger l'enfant gâté qu'est Israël.» C'est ce genre de débat qui a fait, incontestablement, que la CMO soit une véritable réussite. Ce, d'autant que les participants s'étaient mis d'accord, compte tenu de la diversité de l'assistance, pour ne point aborder les questions qui divisent. La CMO a également réitéré, en cette journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, son soutien inconditionnel aux Palestiniens. Dans son allocution de clôture, Mme Hanoune a exprimé sa fierté et sa satisfaction de la réussite de la conférence. Et s'adressant aux hôtes du PT et de l'UGTA, elle dira : «Lorsque vous retournerez dans vos pays respectifs, témoignez que l'Algérie va bien !» Elle appuiera ses propos par le retour à la sécurité mais aussi aux valeurs du peuple algérien qui a de tout temps résisté aux attaques et velléités de remise en cause de la souveraineté nationale. Dans un pays qui renoue justement avec la résistance à travers toutes les mesures prises en faveur de l'économie nationale et le rejet de toute ingérence extérieure dans les affaires de l'Algérie.