C'est le message délivré par le Premier ministre sahraoui à la communauté internationale. Le combat du peuple sahraoui pour son indépendance ne peut s'éterniser. Abdelkader Taleb Omar en est arrivé à cet implacable constat au cours de l'allocution qu'il a prononcée, samedi, à l'occasion de la tenue de «La conférence internationale sur le droit des peuples à la résistance: le cas du peuple sahraoui». Quelle leçon doit-il en tirer? «Il est grand temps pour le peuple sahraoui de tirer les enseignements de cette vérité frappante. Durant plus de trente-cinq ans de guerre soutenue, le Maroc n'a pas pu convaincre le monde quant à la légitimité de ses vues sur le Sahara occidental, tout en ayant échoué de faire adhérer ses habitants au bien-fondé de sa politique d'occupation. Pour les Sahraouis, il s'agit aujourd'hui d'une vérité régionale et internationale. Ils sont plus que jamais déterminés à arracher leurs droits. Pour cela, ils comptent sur le soutien de la communauté internationale et de la légitimité de leur cause.» Le responsable sahraoui ne pouvait mieux le dire. De jeunes manifestants des droits de l'homme sahraouis sont venus témoigner en force de la répression et des conditions de vie déplorables qui sont devenues le lot de tous les militants des territoires occupés du Sahara occidental. Ils sont venus de partout. Des hauts lieux de la résistance sahraouie: El Youm, Dakhla, Boujdour...Ils veulent témoigner à la face du monde. Dire les souffrances de leur peuple. Dénoncer la stratégie d'occupation marocaine des territoires sahraouis. «La politique que nous subissons de la part des forces d'occupation marocaines ressemble comme deux gouttes d'eau à celle pratiquée par les Israéliens en Palestine. Une colonisation de peuplement féroce qui consiste à mettre les populations sahraouies en minorité», nous a déclaré Berray Atik, un jeune militant originaire de Dakhla, âgé de trente-cinq ans qui a été forcé de quitter malgré lui les bancs de l'école à l'âge de 14 ans. Le combat du peuple sahraoui pour sa liberté lui a tendu les bras. «L'objectif prioritaire qui rythme chaque instant de ma vie, c'est l'indépendance de mon pays: le Sahara occidental», ajoutera-t-il plus déterminé que jamais. La lumière qui scintille de ses yeux reflète cet engagement qui résonne comme une promesse solennelle qu'il a faite sienne. Ils sont nombreux à y adhérer. Sans peur et sans reproche. Ils ont fait le serment de poursuivre cette lutte pacifique avec pour seules armes, leurs mains nues. Leur vie n'a pour unique prix que la liberté retrouvée de leur patrie. Celle de leur peuple, de leurs parents qui subissent une répression féroce, un chantage et des pressions terribles qui ont un impact psychologique ravageur sur la cohésion de la cellule familiale. Une politique de déstructuration des rapports ancestraux qui n'ont en rien entamé la détermination de ces jeunes militants qui donnent la très nette impression d'être aguerris et suffisamment blindés contre ce type de pressions psychologiques. «Lors de mon retour des camps de réfugiés de Tindouf, que j'ai visité à l'occasion des festivités du 5 Juillet, mon père qui a reçu la visite d'agents de la sécurité marocaine qui ont exercé sur lui de très fortes intimidations, m'a demandé de ne plus revenir au domicile familial», nous a confié Sidi Essbaâi, un étudiant de 25 ans qui a insisté pour témoigner sous sa véritable identité. Que risquent tous ces jeunes militants qui croient dur comme fer à la justesse de leur combat? «On a été photographiés sous toutes les coutures lors de notre embarquement à l'aéroport. On a tenté de nous intimider. Les forces d'occupation marocaines nous ont promis un accueil d'enfer. On s'attend au pire au retour», nous a déclaré Salha Boutanguiza. Rendez-vous à El Youm. Le pouvoir marocain osera-t-il provoquer une nouvelle affaire Aminatou Haïder? Les jeunes militants sahraouis ne le redoutent pas. Ils sont prêts à tout!