Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa Ce qu'il n'a pu obtenir du président de l'APN, il a réussi à le faire lui-même. On se souvient effectivement que le groupe parlementaire du PT et celui du MSP avaient sollicité Abdelaziz Ziari aux fins d'organiser un débat général sur Ghaza au moment où celle-ci croulait sous les bombes et la destruction massive. Devant la fin de non-recevoir, arguant du vide juridique (règlement intérieur), le groupe parlementaire du PT a fini par contourner l'«interdiction» en prenant l'initiative d'organiser une journée parlementaire sur le même sujet. C'est ainsi que la salle des conférences de la chambre basse du Parlement a été le théâtre hier d'un riche débat sur la question palestinienne sous le slogan «de Deir Yacine à Ghaza». Une journée parlementaire réussie, au demeurant, quant on sait que depuis la première législature pluraliste, aucune rencontre n'a réuni autant de monde de divers horizons. Mieux, aucun des participants n'a quitté la salle après le discours d'ouverture, si l'on excepte le départ de Abdelmadjid Sidi Saïd, retenu par d'autres engagements. Même les responsables des autres groupes parlementaires étaient plus qu'attentifs aux interventions des uns et des autres. La manifestation d'hier a regroupé, outre le groupe parlementaire, des cadres du PT, avec à leur tête le doyen du parti enla personne de Mustapha Benmohamed, Abdelhamid Mehri, les ambassadeurs de Palestine, du Venezuela, d'Iran, mais aussi des représentants de factions palestiniennes, à l'image du Hamas, le responsables des réfugiés palestiniens, mais aussi Christian Morin, responsable de la revue Dialogue (consacrée au dialogue entre militants arabes et juifs de Palestine, pour le droit au retour, pour un seul Etat). Dans son allocution d'ouverture, la secrétaire générale du PT et non moins présidente de son groupe parlementaire est revenue très longuement sur la genèse du combat du peuple palestinien, mais surtout sur les objectifs des sionistes, dont l'action fondamentale est l'épuration ethnique pour que plus jamais personne n'entende parler des Palestiniens. Louisa Hanoune a salué les positions prises par certains Etats arabes, mais aussi celle du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan (fortement applaudi par l'assistance), de Hugo Chavez, qui n'a pas hésité un seul instant à renvoyer de Caracas l'ambassadeur représentant l'entité sioniste et qui ne s'est pas empêché de dire que «cela n'arrivait pas qu'aux autres». Evo Morales a été également salué par l'oratrice. Laquelle a tenu à préciser, non sans descendre en flamme, sans les citer, le régime égyptien et d'autres régimes qui ont des positions de bassesse et de honte vis-à-vis du massacre des palestiniens de Ghaza. Le même hommage a été rendu par Mme Hanoune, qui, on le sentait, parlait «avec ses tripes» tant la question palestinienne lui a de tout temps tenu à cœur, aux peuples du monde entier qui ont défié leurs régime (notamment arabes) en occupant des jours entiers les rues pour dénoncer la guerre et la complicité des Etats-Unis et des pays de l'Union européenne. Pour Mme Hanoune, la politique sioniste participe de l'objectif assigné par les Etats-Unis, en l'occurrence le Grand Moyen-Orient, à travers lequel seulement 2% des Palestiniens ont droit de cité. Tout le reste de la Palestine serait éradiqué. Abou Ahmed, du mouvement Hamas, n'a pas non plus été avec le dos de la cuillère. D'entrée de jeu, il précisera que ni le Hamas ni les factions palestiniennes ne veulent la disparition de l'OLP de la Palestine. «Nous avons gagné la guerre et, en dépit de ce qui s'est dit sur les dissensions palestiniennes, les événements ont prouvé le contraire», dira-t-il en insistant sur le fait que 15 ans de négociations n'ont eu pour conséquences que les destructions et la honte. «Durant 22 jours, la résistance a réussi à faire manger le sable aux sionistes. D'ailleurs, la demande de cessez-le-feu est intervenue de leur côté. Nous l'avons acceptée sous conditions avec la fixation d'un délai d'une semaine», dira encore Abou Ahmed, non sans rappeler les conditions émises par son mouvement auxquelles les sionistes se sont soumis. Mais en déplorant cependant la violation par les sionistes de ladite trêve depuis le début de cette semaine. Pour l'intervenant, «Oslo et ses sœurs» (les accords de paix ndlr) sont définitivement enterrés, place à la résistance. Il rappellera l'invite faite par l'Egypte pour négocier les demandes sionistes, à savoir la libération du soldat Shallit et la fin de la contrebande. «Pour ces demandes, nous avons refusé. Le soldat Shallit n'a pas plus de valeur que les 11 000 détenus palestiniens, indiquera-t-il. Qu'ils les libèrent et on fera de même pour leur soldat». à propos des armes, il affirmera qu'il n'y pas de raison que les sionistes en reçoivent, de la part de leurs éternels alliés, les USA, 3 000 tonnes et que, d'un autre côté, l'on empêche Hamas de s'en approvisionner pour se défendre. A propos de la réunification des Palestiniens, il insistera d'abord sur le fait de reconstruire l'Organisation de libération de la Palestine, qui s'est éloignée de sa vocation de libérer le pays et qui a profité des accords d'Oslo pour amasser des fortunes ou pratiquer le commerce. «Ils ne resteront pas ainsi ! Si dialogue il doit y avoir, ce sera sur la base du principe de la résistance par les armes». Abdelhamid Mehri, très concis, a invité les factions palestiniennes à profiter de l'expérience de la lutte de libération algérienne. C'est-à-dire concilier entre le combat armé et le combat politique.