Après plus d'un an d'interruption et une nouvelle série de sanctions, les négociations vont reprendre à Genève entre les grandes puissances et l'Iran sur son programme nucléaire que Téhéran ne veut toutefois en aucun cas abandonner. Les services de la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, intermédiaire des grandes puissances sur ce dossier, en ont fait l'annonce hier. Le groupe dit des «3+3», ou «5+1», regroupe les six grandes puissances impliquées dans les négociations sur le programme nucléaire iranien : les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) ainsi que l'Allemagne. La rencontre de la semaine prochaine sera la première à ce niveau depuis octobre 2009, également à Genève. Mme Ashton, qui conduira la délégation, sera accompagnée de hauts fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères des grandes puissances. Mme Ashton avait, à l'origine, proposé Vienne, siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique, comme lieu des discussions. Les Iraniens avaient, en réponse, suggéré début novembre d'organiser la reprise du dialogue en Turquie. Mais les puissances occidentales ont refusé, Ankara étant considéré par Téhéran comme neutre dans ce dossier, susceptible de contrebalancer le poids des grandes puissances qui accusent l'Iran de chercher avec son programme nucléaire à se doter de l'arme atomique. Téhéran assure n'avoir que des visées civiles. Pour les grandes puissances, c'est l'impact du nouveau train de sanctions contre l'Iran votées à l'ONU le 9 juin, et encore renforcées par les Etats-Unis et l'Europe notamment, qui a convaincu Téhéran d'en revenir au dialogue pour chercher un compromis. Même si l'Iran affirme qu'elles sont vaines et qu'Israël a jugé leur effet incertain. Selon un haut responsable européen, sous le couvert de l'anonymat, «ces sanctions ont aujourd'hui clairement de l'effet» et ont «sans aucun doute contribué à pousser Téhéran à revenir à la table des discussions». Reste à savoir à présent si les retrouvailles de Genève les 6 et 7 décembre ne vont pas tourner au dialogue de sourds, à l'image du précédent round de discussions. L'Iran a, par avance, réaffirmé, lundi dernier, sa détermination à poursuivre ses visées nucléaires, malgré des attentats contre deux responsables de ce programme dans lesquels Téhéran a vu la main du «Mossad et [de] la CIA», qui seraient déterminés à «stopper les progrès scientifiques de l'Iran». «Notre objectif est de parler du programme nucléaire», a souligné Maja Kocijancic, la porte-parole de Mme Ashton. «Nous sommes aussi disposés à parler d'autres sujets», mais «le but principal» des discussions «a toujours été clair» du point de vue des grandes puissances, a-t-elle précisé, alors que Téhéran a répété à plusieurs reprises vouloir soulever des questions de sécurité régionale indissociables du sujet.