Grande surprise jeudi dernier lors de l'annonce par la Fifa de son choix de confier à la Russie le Mondial 2018 et au Qatar l'édition 2022, deux régions qui n'avaient encore jamais eu les honneurs d'une Coupe du monde. «Le président de la Fifa est heureux, car il est question de développement du football», a déclaré d'emblée M. Blatter, parlant de lui à la troisième personne. La désignation du Qatar, petit pays arabe du Golfe, est considérée comme une victoire de la «qualité» sur la «quantité», a dit le ministre d'Etat qatari des Affaires étrangères. «C'est la première fois qu'un pays arabe, qu'un pays du Moyen-Orient sera hôte d'un Mondial. Cela montre que nous faisons partie du monde et pouvons contribuer de façon positive», a ajouté Ahmed ben Abdallah Al-Mahmoud. Le prince héritier du Qatar et président du Comité de candidature à l'organisation du Mondial 2022, Cheikh Mohammed bin Hamad Al-Thani, a estimé pour sa part que la Coupe du monde dans son pays allait permettre de «balayer les préjugés» sur le Moyen-Orient et le monde musulman en général. Selon le prince, «la Fifa a voulu faire un grand pas en avant et étendre la Coupe du monde en la donnant à des pays qui ne faisaient pas encore partie intégrante de la grande famille du football.» L'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, qui était hier en visite à Alger, n'a pas manqué de préciser que cet événement «concerne aussi l'Algérie et l'ensemble des pays arabes». En Russie, c'est la grande joie. Le Premier ministre, Vladimir Poutine, s'est envolé vers Zurich pour remercier la Fifa après la désignation de son pays comme organisateur du Mondial 2018 de football. Il a déclaré que cette décision honorait le pays «cela signifie qu'on fait confiance à la Russie, qu'on croit en ses capacités, bien que certaines installations sportives ne soient pas prêtes» «Hourra ! Victoire !», a jubilé le président russe Dmitri Medvedev dans un message sur le réseau social Twitter où il s'exprime régulièrement. La défaite de l'Angleterre a déçu. Le Premier Ministre David Cameron et le prince William, qui n'avaient pas ménagé leurs efforts en se rendant à Zurich afin de défendre la candidature anglaise pour le Mondial 2018, ont exprimé leur vive déception jeudi. Le prince William, qui a déclaré être «très triste», a ajouté : «Nous avions une candidature très forte, mais tristement, cela n'a pas marché.» Hugh Robertson, le ministre britannique des Sports, semble consterné : «Nous avons encouragé la Fifa à voter pour des raisons liées au football. Pour le moment, je ne comprends pas et la seule explication possible est celle qu'a donnée Blatter en annonçant la décision, c'est-à-dire la volonté d'amener le football vers de nouveaux territoires.» Le chef du comité de candidature de l'Angleterre au Mondial 2018, Andy Anson, a déclaré hier qu'il était inutile de se présenter tant que la Fifa n'aurait pas changé de méthode de sélection. «Je dirais que ce n'est pas la peine jusqu'à ce que le processus change et donne une chance à des candidatures comme la nôtre.» L'Angleterre n'a obtenu que deux voix sur vingt-deux, dont celle de son représentant, lors du vote du comité directeur de la Fifa. «L'Australie avait un très bon dossier et n'a eu qu'une voix, nous avions un très bon dossier et nous en avons eu deux, les Etats-Unis avaient un dossier technique incroyablement fort et n'en ont eu que trois. Six voix au premier tour entre les trois, il y a vraiment quelque chose qui ne va pas», a estimé Anson. Au sujet des Etats-Unis justement, le président Barack Obama a affirmé que la Fifa avait pris une «mauvaise décision» en accordant au Qatar l'organisation du Mondial 2022, plutôt qu'aux Etats-Unis. L'Espagne, championne du monde cette année en Afrique du Sud et organisatrice du Mondial en 1982, qui était candidate à l'organisation de la Coupe du monde 2018 en association avec le Portugal a exprimé également sa tristesse par la voix de son secrétaire d'Etat aux Sports, Jaime Lissavetzky, qui a affirmé qu'il fallait «accepter la défaite. Il faut féliciter le vainqueur». Avant d'assurer en souriant : «Il nous reste une revanche à prendre en 2018, c'est que nous allons rapporter la Coupe du monde de la Russie à l'Espagne.» L'ancien joueur du Real Madrid, Zinedine Zidane, s'est dit «désolé» de l'échec de la candidature ibérique tout en se réjouissant du succès de la candidature du Qatar, dont il est l'ambassadeur, pour 2022. Pour le Portugal, la Fifa a voulu privilégier de «nouveaux marchés». Le secrétaire d'Etat portugais aux Sports, Laurentino Dias a déclaré que «la Fifa a décidé d'attribuer le Mondial à des pays qui n'ont jamais accueilli de compétition. C'est une option prise en fonction de nouveaux marchés. C'est une option légitime que nous devons respecter et comprendre». Le président de la Fédération australienne de football, Frank Lowy, s'est dit, lui aussi, «amèrement déçu» après la désignation du Qatar pour l'organisation de la Coupe du monde 2022 pour laquelle l'Australie était candidate. «Que puis-je dire ? Seulement que je suis amèrement déçu. Nous pensions que nous avions une réelle chance. Mais le soleil continuera de se lever», a déclaré Frank Lowy. H. Y.