Le Qatar a fini par gagner la bataille. Le Mondial 2022 aura lieu chez lui. Contre vents et marées, il accueillera l'événement le plus mondialisé avec les jeux Olympiques. C'est désormais historique, le Qatar est le premier pays arabe et musulman à organiser une manifestation sportive d'une telle envergure. C'est la première fois aussi qu'un pays du Proche-Orient, région connue plutôt pour ses tensions politiques, va abriter une Coupe du monde de football. Aucun facteur n'a pu étouffer l'ambition du Qatar d'accueillir dans son petit périmètre le plus grand rendez-vous footballistique. La ferveur des Qataris pour «s'approprier» l'édition de 2022 a vaincu toutes les cartes sur lesquelles avaient misé les partisans du confort. Mais l'audace du Qatar, un pays de 1,7 million d'habitants, s'est avérée payant. Même l'inconvénient du climat, maintes fois avancé par ceux qui ne donnaient pas cher de sa candidature, a été étouffé… par l'air conditionné promis par le Qatar. Incontestablement, le dossier du Qatar traduit la détermination du pays à marquer l'événement. Cela s'est vérifié dans l'après-midi historique du 2 décembre 2010 qui a vu le pays vivre des moments très particuliers. Des moments ponctués par la très heureuse délibération de la Fédération internationale de football. Le conseil exécutif de la Fifa a ainsi répondu positivement à la volonté et à l'engament du pays de relever le défi. A Zurich, après l'annonce de l'attribution de l'organisation du mondial 2022, l'émir cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani a profité de la médiatisation de la cérémonie pour rassurer tout le monde. «Le Qatar est capable de grandes réalisations même si c'est un petit pays. C'est promis, les installations sportives seront d'une qualité optimale et feront la fierté de tous les Arabes», déclare-t-il, serein. La victoire du Qatar n'est pas seulement celle de l'image d'un pays qui veut se faire une place dans la cour des grands. C'est surtout un atout pour le pays du point de vue économique.L'organisation d'une Coupe du monde est en soi un facteur économique pour le pays. Il y a d'abord des moyens financiers colossaux à mobiliser pour constituer un dossier solide. Troisième producteur de gaz, importateur de pétrole, le Qatar a fortement investi dans le domaine du sport. 100 milliards de dollars ont été consacrés au développement des infrastructures. Avec les événements sportifs, il a avancé graduellement. On retient ainsi que le pays avait organisé en 1995 la Coupe du monde de football des moins de 20 ans. En 2006, il a accueilli les 15es Jeux asiatiques avec un succès retentissant. Le Qatar a, depuis 1990, son tournoi annuel de tennis ATP. Dans quelques mois, il organisera la Coupe d'Asie des nations de football avec l'irrésistible envie de prouver à tout le monde que le choix de la Fifa est loin de constituer un hold-up. 2022 est désormais une donne très économique pour le Qatar, appelé à achever les chantiers entamés dans la perspective de l'événement. Toute une dynamique devrait se mettre en branle dans le pays de 11 400 km2, avec tout ce que pourrait générer un tel investissement. Le pays doit entamer la construction des stades inclus dans le dossier. Il doit renforcer et moderniser son réseau de transport, avec un système de métro. Ses installations hôtelières sont également à améliorer. Si le défi de la candidature est à présent gagné, il reste celui de l'organisation qui exige des investissements à la taille de l'événement. Il faudrait ainsi s'attendre à une dynamique de construction très accrue au Qatar où, décidément, il n'y a pas de place à l'impossible. L'organisation d'une manifestation de l'envergure de la Coupe du monde ne manquera pas de booster son économie. D'ici à 2022, le pays disposera d'une motivation supplémentaire pour renforcer ses réalisations. Le 2 décembre 2010 est incontestablement une date historique pour le Qatar. Sur une période de 12 ans, il vivra sans doute l'air et le parfum d'une Coupe du monde aux bienfaits multiples. A. Y.