Le parti au pouvoir en Egypte se retrouvera aujourd'hui presque seul en lice pour le second tour des législatives, les principales formations de l'opposition, islamiste et laïque, se sont retirées, dénonçant les fraudes massives ayant caractérisé le premier tour qui a offert 209 des 221 sièges pourvus au Parti national démocratique (PND) du président Hosni Moubarak. En raflant 209 des 508 sièges du Parlement, soit 94%, le parti de Moubarak s'est d'ores et déjà offert une écrasante majorité. Avec le retrait des formations des Frères musulmans, du plus vieux parti du pays, El Wafd, de Saad Zaghloul, le PND raflera sans le moindre ombrage le reste des sièges. Les islamistes, bredouilles, ne se trouvaient en ballottage que pour 27 sièges, tandis que El Wafd, qui comptait six députés dans l'Assemblée sortante, a remporté deux sièges et une poignée de ballottages possibles. Le parti de M. Moubarak ne fera donc face aujourd'hui qu'à des indépendants et à de petits partis de l'opposition légale sans poids réel. Les Frères musulmans, principale force d'opposition, tout comme El Wafd et le Parti nacérien, ont justifié leur retrait par les violences ayant marqué le premier tour et des «résultats falsifiés». El Wafd a même indiqué qu'il renonçait aux deux sièges remportés lors de la première phase. Des journaux ont fait état vendredi de divisions au sein du parti sur la décision de se retirer du second tour. Avec le retrait des partis de l'opposition et l'appel au boycott, le taux de participation risque de s'éroder davantage. Au premier tour, 35% des 41 millions d'électeurs ont participé à ce scrutin. La majorité des électeurs, soit les 65% du corps électoral, ont boudé les urnes auxquelles ils ne font plus confiance depuis belle lurette. Pour le centre de recherche américain Carnegie, repris par l'agence de presse française, le paysage politique laissé par le scrutin est «frustrant» alors que le pays doit connaître dans un an l'élection présidentielle dans un climat d'incertitude sur la succession possible de M. Moubarak, 82 ans. «Il est clair que les citoyens égyptiens auront une Assemblée du peuple contrôlée par le PND pendant les cinq prochaines années», affirme le centre dans une analyse. Ces élections, «en unifiant presque complètement les branches législative et exécutive, ne feront qu'aggraver les problèmes actuels de la politique égyptienne», ajoute-t-il, en évoquant «la faiblesse de la branche législative et le déclin continu de son rôle de supervision».Des observateurs égyptiens indépendants ainsi que la presse indépendante et d'opposition ont dénoncé des irrégularités au profit du PND, le 28 novembre, avec des urnes bourrées, des achats de vote et l'envoi d'hommes de main pour intimider les électeurs. Les Etats-Unis ont exprimé leur inquiétude face aux conditions dans lesquelles le premier tour s'est déroulé, un jugement qualifié d'«ingérence inacceptable» par Le Caire. G. H.